Alice Coltrane - Kirtan Turiya Sings (1982 & 2021)
J’ai mis deux dates car la première version de quatre-vingt-deux a été nettoyée sur l’édition de deux mille vingt et un. L’original a été édité en format cassette par la société d’édition d’Alice Coltrane « The Avatar Institute », à l’intention des étudiants d’un Ashram où on enseignait l’hindouisme. Il y a donc ici beaucoup de « bondieuseries » religieuses et même, en vérité je vous le dis, uniquement ça.
Sur l’édition originale il y avait des cordes et un synthé, mais cet accompagnement a été « nettoyé » sur l’édition "Impulse" de deux mille vingt et un, ne gardant que le chant et l’accompagnement à l’orgue, bien que ne connaissant pas la version antérieure, je dois dire que celle-ci semble tellement pure, sincère et essentielle, qu’il y a de fortes chances que ce soit le bon choix. La pochette est également différente de celle présentée ici.
Réduit à la plus grande simplicité, et presque à la nudité, cet enregistrement ne saurait mieux convenir à sa destinée, être une prière à Dieu, à la nature, ou à ce que l’on croit, et si, comme moi, on ne croit à rien, ça marche quand même car ça parle au cœur, à l’âme, où à quelque chose d’approchant.
Évidemment je ne comprends rien aux paroles, les pièces défilent, « Krishna Krishna », « Rama Katha », « Yamuna Tira Vihari », « Govinda Hari », « Hara Siva » … Neuf titres au total, souvent très beaux, et même très, très… Tout tient dans ce timbre, cette voix, cette prière, qui joue entre plainte, paix et surtout dévotion, cet album est paisible, calme, il fait du bien, repose et réconforte.
L’effet est donc bénéfique, le timbre de la voix d’Alice Coltrane est très épuré, souvent étal, donnant une impression presque hypnotique. Les effets de répétitions contenus dans ces chants participent également à cet engourdissement volontaire de l’esprit, qui se cale dans les zones hautes de la perception, là où se sent protégé, intouchable, serein…
Ce mélange de Gospel et de musique hindoue, minimal, répétitif, organique, échappe à l’essentialité du corps, pour s’adresser à notre esprit. Le support de l’orgue électrique Wurlitzer participe fortement à cette magie, il agit parfois comme un drone, élève les mots et l’esprit, créant lui aussi cet effet d’engourdissement qui agit.
Cette œuvre d’Alice est vraiment très particulière, je ne saurais trop conseiller aux amateurs de sensations musicales nouvelles ou expérimentales de s’y pencher, ils pourraient aimer…