Frank Wright Quartet – Uhuru Na Umoja (1970)
Retour vers l’année soixante-dix avec cet enregistrement très représentatif de son époque et du style de musique qui se jouait ces années-là. L’esprit de Coltrane brillait de tous ses feux dans les têtes des musiciens, et chacun mettait le meilleur de lui-même dans la création d’une musique libre et spirituelle. Les quatre ici ne sont pas les derniers à s’investir dans ce mouvement.
Franck Wright est saxophoniste ténor, il donne son nom au quartet, mais la création ici est essentiellement collective, pour preuve les cinq compositions jouées ici sont signées par le saxophoniste alto, l’immense Noah Howard. Bobby Few est le pianiste, son apport est capital, il apporte énormément au son du groupe en créant du lien dans cette musique, c’est Art Taylor le batteur, il s’essaie avec vaillance au free jazz, que des pointures ici !
Ces musiciens américains sont tous installés à Paris, devenue pendant quelques années la capitale du free jazz et des musiques nouvelles… mais ça ne durera pas. S’il fallait traduire la musique de l’album en quelques mots, on pourrait dire simplement « ça souffle ici », parce que ça y va, ça oscille entre le grand vent, la tempête et l’ouragan. Autrefois on avait inventé une catégorie spéciale pour classer Frank Wright, celle des « saxophonistes hurleurs », qu’il remplissait à lui seul.
Noah Howard est sans doute moins puissant, mais ça reste à vérifier car rien n’est définitivement sûr, mais ce qui participe le plus à ce sentiment de musique pleine et prête à éclater, c’est le jeu de Bobby Few, avec son clavier il remplit les espaces, percute sans cesse et bétonne serré, la musique présente une telle densité qu’elle semble prête à imploser, et Art Taylor qui se trouve pour la première fois de sa vie au centre d’un tel bouillonnement free, lui qui sert un be bop propret à chaque repas, se démène également comme un beau diable et devient un partenaire hautement crédible !
Un album qui demeure encore aujourd’hui un des marqueurs, avec quelques autres, de la musique de cette époque, irréductible et sans contrainte, virulent et féroce, d’ailleurs « Uhuru Na Umoja » ne signifie-t-il pas « Liberté et Unité » en swahili ?