Ari Brown – Ultimate Frontier (1996)
En ces années-là le grand Ari Brown jouait avec le Kahil El’Zabar’s Ritual Trio ou encore avec l’Elvin Jones’Group, il avait également d’autres activités d’enregistrement mais peu de choses sous son nom en tant que leader. On remarque un album live de quatre-vingt-deux en co-lead avec Famoudou Don Moye, mais il semble assez peu courant et difficile à trouver.
Par chance cet album existe, chez Delmark, le label historique de Chicago. Ari Brown possède cette qualité que beaucoup peuvent envier, il joue du post-bop, mais avec des accents free qu’il maîtrise à merveille, ils surgissent soudainement dans sa musique, subrepticement, juste au bon endroit, avec la durée qui va, sans jamais effrayer personne, mais en ajoutant ce petit grain de folie qui le rend inimitable.
Côté répertoire il est l’auteur de tous les titres ici, sauf de la dernière pièce, le traditionnel « Motherless Child » dont il nous livre une éblouissante version. Multi-instrumentiste, il joue des saxs alto, ténor et soprano, mais également de la flûte et du piano, c’est un maître à chaque instrument. Kirk Brown joue du piano, c’est le propre frère d’Ari, Yosef Ben Israel est à la basse, Avreeayl Ra à la batterie et Dr. Cuz & Enoch aux percussions sur la seconde pièce de l’album, « Lester Bowie’s Gumbo Stew ». Il est également membre éminent de l’A.A.C.M de Chicago.
Sa discographie étant ce qu’elle est, bien qu’il soit très écouté et aimé à travers les deux formations auxquelles il collabore, il apparaît presque comme un nouveau ou un jeune dans les sorties discographiques de la fin des années quatre-vingt-dix, pourtant des albums comme celui-ci, à l’époque, il n’y en avait pas des tonnes !
La maîtrise est totale et exceptionnelle, cet album je l’écoute assez souvent en ce moment et chaque fois, sans en avoir l’air, il charme. Je dois ajouter que je me suis procuré le Dvd « Live At The Green Mill » de deux mille sept où il joue avec quatre des musiciens présents ici et c’est une véritable fête ou tout brille et se sent, le plaisir de jouer, le respect entre les musiciens, la grande maîtrise…
Toutes les pièces sont très réussies, mais j’aime particulièrement le morceau titre et la reprise qui décoiffe, « Big V » également, mais il est difficile d’extraire une pièce tant l’ensemble est équilibré.