... c'est ce que chante le groupe dans le dernier morceau de cet album, Worm in Heaven. Et après plus de dix ans de carrière, c'est un peu le ton qui se dégage de ce nouvel album du groupe, leur cinquième : la fin d'une ère, le début de nouvelles sonorités pour les membres de Protomartyr.


Début de nouvelles sonorités oui, comme l'explique Joe Casey en interview, l'objectif de cet album était de marquer la fin d'une pièce en cinq actes (les cinq actes étant les cinq albums) et même de marquer la fin de cette première décennie pour le groupe.


Ainsi, comme nous sommes sur les mêmes fondements de cette pièce jouée depuis dix ans, nous retrouvons les mêmes thèmes du groupe dans ce disque : questionnements sur la nature de notre existence, chansons de protestation sur le fascisme qui se rapproche (voir qui est déjà là selon votre degré politique) dans nos sociétés mais avec une envie quand même d'aborder tout ceci sous un angle solennel , apocalyptique même, comme pour signer une révérence après ces cinq albums donc.


Ainsi l'album s'ouvre avec Day Without End,un morceau présumément sur la mort ou juste sur la fin du groupe, tant le chanteur nous parle d'un jour qui ne pourra pas se terminer a cause d'une force qui se rapproche :



This is the dawning of the day without end



When fear steps into light



I've been planning for this day all my life



Or have I not?



Ou The Aphorist qui rejoint la tradition du post-punk de parler d'un futur qui n'arrivera jamais et de comment nous allons rester dans notre présent morne et repetitif sans savoir ce qui va nous arriver, en comparant ceci aux civilizations Nazca, traçant des géoglyphes (merci Wikipédia) en attente de réponse d'une force supérieure :



We're all mowing esoteric patterns in the grass



A fast and fading echo of ancient Nazca Man



Who carved his lines upon the desert floor



In hopes to catch the eye of some forgotten god



Post-punk oblige aussi, le groupe n'oublie pas sa vision contestataire notamment sur Processed by the Boys qui parle directement de nos gouvernements autoritaires qui nous conditionnent petit-a-petit :



They got the job when they came back to town



Why not let 'em earn a living?



Fill out the forms, download the app



Submit your face into the scanner



Everybody's hunted with a smile



Being processed by the boys



Musicalement, le groupe continue de peaufiner leur son et de le completer avec de nouvelles sonorités, des nouveaux instruments comme cette clarinette sur Processed by the Boys qui apporterai presque une vision comique de ce qui est décrit dans la chanson, enfin plus de la satyre.


Ou un saxo qui se place en outro dans Modern Business Hymns pour nous apporter un peu de douceur dans cette brutalité jouée par ces guitares toujours aussi bruyantes, qui ici sont placées dans une production plus claire et moins bruyante comme avait pu proposer le groupe dans ces albums précédents (je pense a Under Color... qui avait une nature "garage" qui m'avait personnellement énormément plu), le choix d'un nouveau producteur aidant beaucoup : David Tolomei qui avait déjà collaboré avec Beach House sur Depression Cherry connaissant pas mal ce rapport entre bruit et douceur (mais on se calme, je dis pas que ce Protomartyr tombe dans de la dream pop, je dis juste que je trouve le rapport du producteur sur ces deux albums très semblable et intéressant).


Au final, que dire si ce n'est que lyriquement, Joe Casey est toujours aussi bon pour écrire des paroles simples mais cachant une complexité et si ce n'est que musicalement, le groupe a pris une certaine maturité qui permet de vraiment tirer un trait après dix ans d'albums et EP aux sons différents mais a la qualité elle, toujours constante.


Et oui, l'album a vraiment une grosse envie de nous dire que c'est le dernier Protomartyr, envie qui est renforcée par le chanteur qui en interview nous décrit comment la vie d'artiste de rock indépendant, c'est pas une vie de grosses voitures blindées et de belles maisons, et oui, cinq albums aussi constant c'est génial, mais avec ces nouvelles idées développées sur le disque (comme ce feat avec la chanteuse Nandi Rose sur June 21 qui est surprenant et qui nous prouve que le groupe sait toujours autant se renouveler), on a envie quand même de voir ce que pourrait donner des projets solo des membres ou une nouvelle formation sur un nouveau genre.


Et même si cette envie n'arriverait pas, je garderais quand même une grande satisfaction, parce que finir sa carrière sur Worm in Heaven, c'est vraiment la classe.

lucaaaasth
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le 18 juil. 2020

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