Une Guerre Musicale

Découvert ce live/film/album par hasard, grâce à une vidéo de la participation de Klaus Nomi à cette compilation.

Et il faut dire que c'est assez varié et ambitieux, sans être aussi important que le Live Aid. Mais Urgh! A Music War réussit l'exploit de réunir autour de lui plusieurs figures de la new wave, du post-punk et même du reggae, notamment : The Police, Toyah, 999, Klaus Nomi, Skafi, Steel Pulse, Gary Numan, etc.

Si The Police et Wall of Woodoo n'introduisent pas l'ensemble avec leurs meilleures chansons, heureusement Toyah marque le coup avec Danced et représente bien la fin du punk et le début de la new wave.

Enola Gay d'O.M.D est certes bien en live, mais on préferera l'original studio. Mais Oingo Boingo arrive à faire bouger les masses avec son tube légèrement reggae Ain't This the Life? Si les chansons punk Respectable Street et We Got the Beat sont pas mal, on retiendra mieux Offshore Banking Business de The Members, dénonçant l'évasion fiscale à coup de bon reggae des familles.

Puis pour moi, l'autre grande révélation du "Music War", c'est Klaus Nomi avec sa version live dynamique de Total Eclipse. Le mec arrive quand même à combiner les rêves de Freddy Mercury et Johnny Rotten (à savoir, faire aimer l'opéra rock à un grand public, dont des punks ici) en un seul tube ! Et avec sa voix germanique mélangeant baryton et contre-ténor plus poussé que d'habitude, ça donne un ton puissant à sa chanson :

♫TO-TAL eclipse /
It's a TO-TAL eclipse /
It's a total eclipse of the sun /
Can't come to grips with the total eclipse /
Just a slip of the lips and /
you're done♫

Ce commentaire YouTube de Sonia Kulawiak décrit assez bien le ressenti qu'on a envers cette chanson :

You haven't lived until you've experienced apocalyptic 80's synth rock opera performed by a gender ambiguous space-vampire.

Mais après Where's Captain Kirk? de Spizzenergi, le reste devient un peu moyen. Toutefois, le groupe de reggae Steel Pulse dénonce bien le conservatisme et le racisme de la société britannique de la fin des années 1970 avec sa chanson reprenant le nom d'une organisation terroriste d'extrême-droite américaine pour en faire un tube retentissant (Ku Klux Klan).

Pour le reste, à part deux-trois bonnes prestations, c'est assez mou et décevant (j'ai pas aimé Birdies de Père Ubu, qui a pourtant fait Final Solution, idem pour Bad Reputation en live par Joan Jett).

Heureusement, DEVO ramène un peu de reggae agréable avec Uncontrollable Urge. Et le post-punk est issé à son sommet avec Come Again de Au Pairs et Sign of the Cross de Skafish (qui n'est pas un groupe de ska).

Après, si j'ai bien aussi aimé Shadow Line, Cheryl's Going Home et la version live de Homicide (par 999), les dernières bonnes surprises de cette "guerre musicale" sont He'd Send in the Army de Gang of Four (le même qui adore les hommes en uniforme, si vous voyez ce que je veux dire), et enfin Down in the Park de Gary Numan.

Gary Numan, déjà auteur de Cars, décrit une guerre futuriste dans une dystopie où les androïdes tuent les humains dans des parcs, et il fait avec brio grâce à un savant mélange de synthé :

♫Down in the park /
Where the chant is, "Death, death, death" /
Until the sun cries morning /
Down in the park with friends of mine♫ /

C'est un CD ou un live que je recommande d'écouter ou de voir pour faire de nouvelles découvertes plutôt agréables dans l'ensemble. En tout cas, je n'ai pas regretté d'assister à cette "guerre musicale" qui est plutôt une certaine ode à la vie.