Dans le post-rock, il y a grosso-modo deux écoles: les énergiques et les contemplatifs. La formation française Oiseaux-tempête est plutôt de la seconde, si on se réfère à Ütopiya?, leur dernier opus en date, découvert grâce à une chronique de Clair & Obscur.
Au reste, la chronique du collègue pose la question: est-ce vraiment du post-rock? Disons que ça s'en approche par son côté presque entièrement instrumental (quelques parties chantées/narrées sur "Ütopiya / On Living"), entrecoupé de dialogues ou d'enregistrements radiophoniques.
Peut-être que le terme "rock cinématique", utilisé par d'autres formations françaises, serait plus approprié, avec une musique qui touche parfois au jazz ou au rock électronique de Klaus Schulze. C'est vrai que l'ensemble a un sérieux côté "bande originale de film qui n'existe pas".
Ütopiya? est un album plutôt dense: onze pistes et soixante-sept minutes, avec deux morceaux qui approchent des dix minutes et un final, "Palindrome Series", de plus de vingt-deux minutes. Ce n'est pas rien.
Dense aussi par son thème, que l'on devine en creux au travers de la musique: la Méditerranée, l'exil, la guerre, la ruine, "Contemplatif" ne veut pas forcément dire "Bisounours" et les Oiseaux-tempêtes portent souvent bien leur nom en évoquant des ambiances plombées, de rouille et de sel.
En général, ce genre de truc n'est pas ma came. Et j'avouerais volontiers une certaine lassitude sur la durée. Néanmoins, il se dégage d'Ütopiya? des images fortes, une musique qui fait voyager vers des paysages pas forcément toujours très accueillants, mais magnifiques.
Même s'il n'est pas forcément très facile d'accès, par son aspect contemplatif et parfois répétitif, Ütopiya? est un album qui mérite d'être écouté, surtout si on est amateur de rock cinématique.