Excellent, beau et terrible à la fois.
42 minutes, c'est la durée de Halmstad, et 42 minutes pour six titres, aux vues des standards actuels, c'est long, mais 42 minutes, ça passe à la vitesse de l'éclair, comme quoi,les choses ne sont pas si simples...
L'album s'ouvre sur un murmure, avant de nous étouffer avec un mur sonore, massif et noir, d'un noir mat, impénétrable, qui absorbe toute la lumière qui aurait l'audace de venir ne serait-ce que effleurer, pendant une courte minute, avant, à la grande force d'une guitare acoustique mélancolique, nous priver de cette noirceur à laquelle on vient de s'habituer, pour nous plonger en plein gris, on ne sait plus de quel côté du mur on se trouve, si on est celui qui s'y heurte, ou celui qui se cache derrière, et en six minutes, on a compris ce qui fait la substance de Shining, c'est qu'on est les deux à la fois, et la voix possédée de Niklas ne fait que nous le rappeler, car les percées de lumières qu'on perçoit, aveuglantes, et la violence qu'il destine à l'auditeur sont faites du même bois.
Shining fait mal avec du beau, et le second titre est la pour le rappeler, lancinant, serpentiforme et hypnotique, fort d'une mélancolie empreinte d'une force herculéenne ( si c'est pas un bel oxymore) dans un premier temps, nous sortant la tête de l'eau par un effort surhumain pour mieux l'y replonger dans un final acoustique qui sent le tragique, le thème de l'auto-destruction cher au groupe ne saurait mieux être illustré.
La troisième piste, Lat Oss Ta Allt Fran Varandra, est à mon sens, la pièce maitresse de l'album, Niklas répondant au sample à la manière d'une conscience noire, amère, lui susurrant d'en finir, l'accusant, après l'avoir rassuré sur l'issue à venir,d'avoir péché par faiblesse première à la première agression de cette piste, pour amener un final torturé, brutal, morbide.
L'incursion des instruments classique pour l'intro du quatrième titre, n'est là que pour annoncer le chaos à venir, les guitares sont massives, jusqu'à l'interlude acoustique, encore un, qui pourrait avoir l'allure d'un mauvais gimmick, mais encore une fois, les guitares larmoyantes et la voix habitée du chanteur nous hantent, jusqu'a l'arrivée de la basse, qui, loin de mettre fin à notre calvaire, est un nouveau mal, rampant, jusqu'au retour des guitares, presque dansantes, pour de nouveau faire place au chaos, qui nous semblait déjà lointain.
Suit l'interlude au piano, seul moment de répit de l'album, qui nous laisse peu de temps pour nous remettre, avant la suite...
Et la suite, c'est Neka Morgondagen, au groove surpuissant, et au lead torturé, sans parler du frontman, qui décharge son fiel, avec une voix claire pleine d'amertume, et un solo acoustique touchant de faiblesse, pour mieux nous reprendre par la gorge, et recommence, avant de revenir au premier riff, comme si tout ce qu'on venait d'endurer n'avait duré qu"un instant, long comme une éternité.
Et c'est là tout le paradoxe de cet album, et de ces 42 minutes, denses, intenses, ou ce qui pourrait nous servir d'abri ne nous fait que plus souffrir, de part ce qui vient de se passer, et de ce qui vient, qu'on s'y attende on non.
Un album donc excellent, beau et terrible à la fois.