À quelques encablures de la sortie imminente de Temporary People, septième album virant vers un  rock’n’roll détendu enregistré avec ses Lonely Astronauts, Joseph Arthur poursuit et achève la publication d’une série de quatre maxis plein comme des œufs de chansons plus proches de son style si singulier. L’excellent Vagabond Skies couvre à lui seul le riche champ stylistique du new-yorkais. Slow Me Down est une plantureuse chanson pop folk, portée par une guitare chaleureuse, un ligne de synthétiser et des chœurs divins, qui font presque oublier des paroles particulièrement cruelles (“Don’t know where I’m going/Don’t know what I’m trying to find/I wish you could come with me, in the spaceship in my mind/But you slow me down and I can’t wait for you”). Juchée sur une batterie métronomique et une guitare sèche, la voix de Joseph passe des graves aux aigus sur une magnifique Pretty Good Company tout en tension retenue. Second Sight démarre sur la douceur trompeuse d’une electro pop aérienne (boîte à rythmes, arpèges lumineux, violon joué en piqué) avant de balancer d’un puissant revers un refrain lourd et violent (voix saturée, rythmique écrasante). Émotions fortes. Le niveau du dernier maxi de la série est globalement moins élevé, malgré deux chansons remarquables : Foreign Girls, rock léger imparable et particulièrement drôle, et Candy Cars, miniature singulière avec chœurs et claviers. Les autres morceaux sont très soignés mais plus convenus. Mais c’est surtout qu’on est devenus très exigeant avec Joseph Arthur, qui reste l’un des auteurs-compositeurs les plus importants apparus aux États-Unis depuis quinze ans. (Magic)


En matière de sablier, Joseph Arthur se pose là. Ce troisième EP (sur quatre) qui fait suite à Crazy Rain et Could We Survive, permet aux inconditionnels de patienter encore un peu avant la sortie de Temporary People, nouvel album attendu pour le 30 septembre. Et l’attente peut durer tellement Vagabond Skies prolonge avec délice la sensation de retrouver l’ami Jo au meilleur de sa forme. Nous l’avons déjà dit, mais cela se confirme, le songwriter d’Akron livre pas moins que les dignes successeurs des quatre EP de la série des Junkyard Hearts, incontestable sommet de son œuvre. Ici, retour à la veine électro-acoustique après la décharge de Crazy Rain, et c’est bien dans ce domaine qu’il excelle vraiment. Les mots finissent par nous faire défaut quand il s’agit d’évoquer (une fois encore) la perfection des mélodies, la pureté des lignes de guitares, l’éclat des harmonies vocales, et toujours cette douleur dans sa voix protéiforme. Au mieux peut-on préciser qu’il a convié la délicate Joan Wasser (dont on ne saurait trop recommander le superbe deuxième album) à le rejoindre. Ou alors que sur les six titres, on dénombre cinq ballades - toutes vibrantes et si délicates - et une pépite, “Second Sight”, avec ses programmations qui alternent sautillements et piétinement, ses arpèges qui caracolent loin devant le violon châtoyant de sa complice, à peine altéré par un refrain bizarrement étouffant. Ainsi, dans la lignée de ses contemporains les plus respectables, Joseph Arthur est en passe de devenir un pilier de la scène folk-rock, un référent, ou mieux encore, un modèle. Et, bafouant toute modestie, on ne se félicitera jamais assez de le suivre depuis son premier album en 1996 sans baisser la garde à un seul moment. Pas même lorsqu’il s’égarait dans des choix de production plus que douteux qui camouflaient des chansons belles à pleurer. On peut donc attendre encore quelques semaines, surtout avec de telles mises en bouche. Tout bonnement indispensable. (pinkushion)
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le 10 mars 2022

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