Birmingham ! Son héritage n'est peut-être pas celui d'une Liverpool ou d'une Manchester, mais elle peut tout de même s'enorgueillir d'avoir nourri en son sein quelques fleurons de la musique populaire de ce dernier demi-siècle, avec des groupes comme les Moody Blues, Black Sabbath ou The Move / Electric Light Orchestra.
Mais voici Velvett Fogg, qui vient remettre en doute ma foi en la vieille Brum. Le principal fait de gloire de cet obscur groupe de la mouvance psychédélique semble avoir été de voir passer en ses rangs le futur parrain du heavy metal Tony Iommi, ce qui est toujours bon à savoir quand on joue aux six degrés de séparation dans la catégorie rock (mais sans doute moins que le passage du même Tony chez Jethro Tull). Leur unique disque sortit en janvier 1969 dans l'indifférence générale, et c'est tout juste si de vieux restes de la morale victorienne trouvèrent à s'offusquer des nichons qui apparaissent en bonne place sur la pochette.
Vous l'aurez sans doute deviné, ces deux paragraphes de contexte aux phrases bien trop longues cherchent tant bien que mal à cacher le fait que je n'ai pas grand-chose à dire sur ce disque, sinon qu'il réunit toutes les tares du psychédélisme et aucun de ses bons côtés. Les compositions originales ne sont pas très bonnes, en-dehors peut-être de Yellow Cave Woman, plus mémorable que les autres parce qu'elle ouvre le disque et que son titre, répété en boucle comme un mantra par un chanteur dont la voix évoque effectivement assez un homme des cavernes, se gravera dans votre crâne que vous le vouliez ou non. Le choix des reprises témoigne d'un certain goût, mais leur exécution beaucoup moins : il faut dire que ledit chanteur ne peut évidemment rivaliser ni avec les frères Gibb (New York Mining Disaster 1941), ni avec Cass Elliott (Come Away Melinda)…
Vous allez me dire « on s'en fout ! le psyché, c'est pas fait pour être mémorable ou bien chanté, c'est fait pour tripper ! ». Vous ajouterez sans doute « sale con de fan des Monkees » dans votre barbe, et je ne peux pas vous donner tout à fait tort. Je vous répondrai quand même qu'on peut faire du psyché mémorable, par exemple en n'étant pas camé jusqu'aux oreilles au moment d'écrire les chansons (comparez Surrealistic Pillow et After Bathing at Baxter's pour voir la différence). Je vous accorderai aussi que les gars de Velvett Fogg savent par quel bout tenir leurs instruments, si bien que l'on aura parfois droit à quelques morceaux de bravoure (l'intro de Come Away Melinda, tiens, un peu longuette mais toujours plus appréciable que la partie chantée) au milieu d'un océan de nappes d'orgue dans lequel il reste difficile de ne pas se noyer.
Avec son 3,70/5 de moyenne sur RYM, les critiques semblent unanimes à parler de chef-d'œuvre perdu. Je leur laisse bien volontiers : YouTube me suggère dans sa colonne de droite une compilation des Electric Banana qui correspond bien davantage à ma définition du bon psyché. "You'll only kneel at the fire god…"