Sorti de nulle part ou presque, le duo norvégien Kings Of Convenience s'est imposé en un album comme une référence incontournable en matière de pop acoustique intimiste. Ce genre, quelque peu abandonné, retrouve ainsi ses lettres de noblesse et ce, même auprès du public électronique au travers des compositions chaleureuses et modernes d'Eirik Glambek Boe et Erlend Oye. Un exploit qui se concrétise aujourd'hui avec la sortie de l'excellent Versus, réunion de remixes inédits et de versions rares. Force est de constater que leurs classiques se plient à merveille au jeu du remodelage plus ou moins radical. En effet, si certains se contentent de les arranger différemment (le chouchou de Grand Central, Riton, le boss de Twisted Nerve, Andy Votel, l'impeccable Monte Carlo 1963 Version de Toxic Girl réorchestré par David Whitaker), d'autres se chargent de leur insuffler une deuxième vie, plus (l'electro pop de Ladytron ou la pop expérimentale de Four Tet, tous deux plaisants) ou moins (la reprise bancale d'Alfie) révolutionnaire. Mais la perfection est à chercher du côté de leurs copains et compatriotes (coïncidence ?) feu Erot et surtout Röyksopp. Ici, la classe de la relecture organique d'I Don't Know What I Can Save You From démontre une nouvelle fois, après la présence remarquable de Erlend sur l'excellent premier album du duo, que les deux formations ont tout intérêt à collaborer ensemble. Une perspective des plus réjouissantes pour les prochaines années. En attendant, Versus s'apprécie sans modération.(Magic)