Julian Lage – View With A Room (2022)
Concernant cette musique on parle souvent d’Americana, ce genre regroupe la musique née sur le sol américain, incluant le folk, la country, le rhythm and blues, le rock 'n'roll et le bluegrass. Ça brasse large mais il n’y a ni le blues, ni le jazz. Pour ma part j’ai noté dans mes lectures que ce mot était souvent utilisé pour indiquer une musique influencée par la country et le jazz. Bill Frisell est également cité dans cette catégorie, on retrouve ce goût des grands espaces, de la country et d’une musique pleine d’allant, ouverte aux grands vents et à la nature.
Précisément Bill Frisell est présent sur une partie des titres de cet album, sept sur dix exactement, les trois autres sont en trio. Il n’y a rien de surprenant à la présence de Bill, on se souvient, un peu plus haut, de l’album de John Zorn « A Garden Of Forking Paths », où trois guitaristes se rencontraient pour un projet de musique fusionnelle, Bill Frisell, Julian Lage et Gyan Riley.
Ici c’est différent car Julian Lage se pose clairement en leader et le vieux Bill accepte volontiers le rôle de soutien, avec toute la modestie qui le caractérise. Sont présents également Jorge Roeder à la contrebasse et Dave King à la batterie, c’est bien celui du trio Bad Plus. Il y a cinq titres par face d’où se détachent « Tributary », « Word For Word » et « Echo » sur la première et « Let Every Room Sing » et « Fairbanks » sur la seconde, l’ensemble des compos sont signées par le jeune guitariste.
Sans surprise c’est magnifique, sans esbrouffe évidemment, juste une musique qui coule comme du miel, envahit l’espace et fait du bien, les deux guitaristes sont extraordinaires et celui qui tient ici le second rôle est également exceptionnel. C’est virtuose, mais sans être « m’as-tu vu ? ».
Les pièces en trio sont évidemment également passionnantes, « Word For Word » cité plus haut en est un exemple parfait, bien que j’apprécie énormément le travail délicat de Frisell sur les sonorités. Julian en trio fait davantage parler la virtuosité, se laissant guider par sa fougue, sans l’influence du vieux Bill et de son regard toujours souriant et bienveillant.
C’est un Blue Note, mon pressage est bon et le prix délirant.