Viljans öga par Sledgekind
Viljans öga est un bijou de musique sombre que j’affectionne particulièrement. Ici nous avons affaire à un Jethro Tull qui aurait oublié de prendre du prozac (quoique sur le plan strictement musical c’est plus du côté de Genesis ou King Crimson qu’il faudrait chercher). Je plains les fans qui ont du attendre 18 années avant la sortie d’un nouvel album, et je plains mes connaissances qui vont devoir m’en entendre parler pendant au moins une semaine entière. Il s’agit donc, oui, de rock progressif plutôt ancré folk, qui se paye le luxe d’intégrer des musiques modernes que les groupes des 70′s n’avaient pas encore entendues. Aujourd’hui le rock progressif reste plutôt l’affaire de quelques pères de famille ou de mecs très gentils et ouverts que vous ne croiserez jamais dans cet espace-temps. L’apparition de cet album fait alors particulièrement plaisir, surtout lorsque le corps se met à battre la chamade dès les premières secondes ! Préparez-vous à un album exclusivement composé en mineur, par ailleurs le groupe est profondément influencé, en tout cas dans la structure, par la musique classique. Les quatre morceaux peuvent d’ailleurs s’apparenter aux quatre mouvements d’une symphonie, néanmoins je reste plus réservé sur ce point.
L’album comporte beaucoup de mellotron (un clavier très utilisé dans les années 70), mais aussi de la clarinette, du tuba, de la trompette ainsi que du violoncelle et du saxophone. La flûte d’Anna Holmgren est délicieuse et accentue l’aspect féminin et soupiré. Le travail sur la nuance porté par une composition exemplaire n’a de cesse de vous porter, aucun morceau ne ressemble à un autre et leurs thèmes naissent et renaissent avec aise. La complexité n’empêche pas une cohérence du début à la fin, ce qui est la marque des bonnes œuvres.Viljans öga ne comporte pas une seule parole et pourtant je suis persuadé qu’il raconte une histoire, et sans doute une très belle. Probablement l’un des meilleurs albums de 2012.
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