Tom Skinner – Voices Of Bishara (2022)
Un album International Anthem à qui il a fallu un mois pour arriver dans la boîte, il a traversé l’Atlantique sans affranchir les taxes de douane, m’enfin il est là, c’est l’essentiel. Il tourne, mais en quarante-cinq tours, trois titres de chaque côté avec des musiciens d’exception, mais pour mieux embrasser tout ça, il faut plonger dans le passé récent du batteur Tom Skinner.
Il est co-fondateur de la formation « Smile », avec Thom Yorke et Jonny Greenwood de Radiohead, qui a sorti un superbe album chaudement recommandé par des membres de ce forum. Il est également co-fondateur de Sons Of Kemet ce qui explique la participation de Shabaka Hutchings à l’album, ce dernier joue du saxophone ténor et de la basse clarinette. Mais abondance de talents ne nuit pas, et la saxophoniste et flûtiste Nubya Garcia est aussi de la fête. Il y a également Tom Herbert à la contrebasse.
Mais le plus surprenant c’est sans doute la présence du violoncelliste Kareem Dayes. On suppose que la présence de ce dernier est due à l’écoute frénétique de l’album « By myself » d’Abdul Wadud, que Tom Skinner a énormément fait tourner pendant le confinement. Cet album très rare et presque introuvable, en tout cas à prix décent, est consacré uniquement à la contrebasse et l’on raconte qu’il est imprégné de « Spiritual Music », par bonheur, il est disponible à l’écoute sur le tube…
Hélas, Abdul Wadud est décédé en deux mille vingt-deux, on espère que cet album sera prochainement réédité. Ce dernier est sorti sur « Bisharra Records », on comprend mieux le pourquoi du titre de l’album de Tom Skinner, un hommage bien sûr, porteur de « bonnes nouvelles » puisque c’est la signification de ce mot.
Peu avant le rassemblement dans le studio, les musiciens se sont réunis et ont tous écouté ensemble le « Life Time » de Tony Williams sur un matériel audio de haute technologie. Ils ont ensuite improvisé une réponse à cet album, c’est cette somme qui nous est proposé ici, après que le batteur l’ait minutieusement retravaillé, découpé, puis remonté, « at home » quand le temps lui était donné.
C’est vraiment un bel album, plutôt serein et contemplatif, malgré quelques passages pleins de tensions. Le mariage entre la basse et le violoncelle fonctionne bien, avec une certaine gravité cependant, atténuée par le jeu du batteur, à la source de tout, qui régale ici. Les deux solistes sont hors pairs, tant avec les saxophones qu’avec la clarinette basse ou la flûte, des couleurs qui apportent beaucoup à ce court E.P. d’une durée d’environ vingt-six minutes.