Youn Sun Nah – Waking World (2022)
J’ai toujours été un admirateur de Youn Sun Nah et je pense posséder l’ensemble de ses enregistrements sauf celui de deux mille dix-neuf, pour une obscure cause, peut-être le virage de l’électro. Bien sûr, Mme Nah est assez mainstream et bancable, et bien tant mieux, elle le mérite davantage que, disons, la chanteuse Jenifer qui va être décorée par Bachelot du truc des arts et des lettres, ai-je ouï…
Dans la discographie de Youn Sun Nah je conseille l’album « Lento », assez parfait dans son genre, ainsi que la version deux Cds de « Same Girl. Collector's Edition » qui apporte un véritable supplément d’une incroyable intensité, « Avec le temps » et « My favourite Things » entre autres. La période Ulf Wakenius, qui joua aux côtés d'Oscar Peterson, reste encore la meilleure...
Ce nouvel album ne détrônera pas les deux premiers sur la liste, même s’il ne manque pas d’intérêt, bien que l’accueil qui lui soit réservé semble assez mitigé, peut-être le jazz qui s’en va... C’est le premier album où elle signe toutes les compos, texte et musique, pour les thèmes, la structure et chaque instrument. iI a été entièrement écrit pendant le confinement et penche côté pop, ce qui pour moi n’a rien de dégradant.
Elle possède une grande technique vocale avec une tessiture assez large qu’elle utilise le plus souvent complètement. Peut-être ici, n’exploite-t-elle pas l’ensemble de ses possibilités, se contentant d’un registre plus modeste, plus intimiste, se tournant vers plus de simplicité dans ses nouvelles chansons.
On ne ressent plus les frissons d’autrefois, c’est vrai, une page est tournée. Je l’ai vu sur scène et ai assisté à pas mal de retransmissions télévisées où elle se métamorphosait sur scène, la petite fille timide se transformant en diva, avec un répertoire d’une haute intensité où les grands titres se succédaient en étant sublimés par l’interprétation.
Pour autant cet album se plaît malgré tout sur la platine, les musiciens qui l’accompagnent sont brillants et de grande réputation, même s’ils stationnent dans l’ombre de la voix. Les voici : Xavier Tribolet claviers et batterie, Thomas Naïm aux guitares, Laurent Vernerey à la basse, Airelle Besson au bugle et à la trompette, Guillaume Latil au violoncelle et Héloïse Lefebvre au violon.
Il me semble que le meilleur titre soit « Mother » qui ouvre la face deux dans une ambiance plutôt romantique, mais il y en a d'autres qui tiennent bien la route. Les paroles des chansons semblent souvent assez gentillettes, elles figurent sur la pochette intérieure du vinyle. Cette dernière contient au verso une photo qui dévoile le secret de fabrication du portrait figurant sur la pochette…
(19 février 2022)