En écoutant Walking on a Flashlight Beam, le nouvel album de Lunatic Soul, j’ai l’impression que Mariusz Duda – c’est son projet solo – est un de ces génies créatifs qui, même si on ne lui laissait qu’une guimbarde, un kazoo, un orgue Bontempi et un enregistreur deux pistes, serait capable de nous sortir l’album de l’année.
Autant dire qu’on a ici quelqu’un qui maîtrise les arcanes du rock progressif dans son acceptation la plus moderne, celle qui peut se permettre d’emprunter à la fois aux grandes gloires du passé, mais également à des inspirations bien plus contemporaines. Quelqu’un qui est également capable de jongler entre les ambiances les plus éthérées et des approches bien plus énergétiques, parfois au frontière du métal.
Pour ceux qui l’ignorent, je rappelle à tout hasard que Mariusz Duda est également le génie créatif derrière un autre groupe de prog incroyablement imaginatif, à savoir Riverside. Ce n’est donc pas un hasard si certains morceaux de cet album, comme l’incroyable « Pygmalion’s Ladder », semblent tout droit sortis d’une session du groupe polonais. Cela dit, à l’écoute, il est clair que, par rapport à Riverside, Lunatic Soul vise plus l’atmosphérique que le rentre-dedans.
Sans aller chercher la taille « symphonie de vingt minutes », les neuf pistes de Walking on a Flashlight Beam tendent tout de même à taper dans des six-huit minutes d’un fort beau gabarit, pour un album d’un peu plus d’une heure. Il faut bien ça pour poser les très belles ambiances de cet album.
Un exemple concret apparaît immédiatement avec les huit minutes et quarante secondes de « Shutting Out the Sun », avec son intro à la Tangerine Dream, qui se conclut sur l’équivalent musical d’un galop dans les plaines. « Gutter », qui a sensiblement la même taille, est un autre exemple, soutenu par une ligne de basse de folie, de même que « Pygmalion’s Ladder » que j’ai déjà évoqué précédemment et qui monte jusqu’à douze (minutes); sans doute le meilleur morceau de l’album.
Je serais bien en peine de trouver un seul morceau de cet album qui ne soit pas bon, ou même inintéressant. S’il n’y avait pas déjà une telle compétition pour le titre, je dirais que Walking on Flashlight Beam serait un candidat sérieux pour l’album de l’année; en l’état, c’est juste un excellent album de rock progressif contemporain que je ne manque pas de chaudement vous recommander. Même si vous ne le méritez pas toujours.
Chronique précédemment publiée sur alias.codiferes.net