4 ans après The Fool, c’est une piste instrumentale qui nous accueille. L’un des crews féminins les plus surveillés de L.A s’est entouré de Nigel Godrich pour le mix et de Flood pour la production. Comme si la coupe n’était pas assez pleine en matière de hype, Chris Cunningham s’occupe des clips et de la pochette. Du name-dropping qui s’avèrera payant au bout de quelques écoutes. Avec Warpaint, les mélodies sont plus complexes qu'elles en ont l'air : chants en canon, contre-temps, percussions jazzy... Pourtant, comme cet élève doué qui reste au fond de la classe et se repose sur ses lauriers, les demoiselles ont des allures de feignasses. Mériteraient-elles un petit coup de pied au cul ?
Leur premier album s'étiolait un peu dans son dernier tiers, cette cuvée a aussi tendance à noyer le poisson. Conçus sur des bases rapidement hypnotiques et captivantes, quelques morceaux ratent le côche et traînent en longueur sans convaincre. Pour ne citer qu'eux, la comptine "Teese", la berceuse à la Grizzly Bear "Go In" ou le finish "Son" laissent une impression de faux rythme. Avec son entrée quasi post-rock sur “Intro” en guise de faux départ et le single catchy “Love Is To Die”, "Warpaint" s’amuse à souffler le chaud et le froid. Les nappes de synthé de “Biggy” sonnent Depeche Mode, là où “Hi” évoque clairement Bat For Lashes. Le groupe s’essaie à divers ambiances en se laissant clairement le temps en tirant profit d’une nouvelle production plus lourde se reposant avec intelligence sur la qualité de sa section rythmique diablement mise en avant.
Des pistes mid-tempo sombres, revendiquées comme éloignées des racines rocks pour venir nous conquérir à coups de beats. Dire que la sauce met du temps à monter n’est pas mentir à voir la froide réception de l’album par les critiques. Ici aussi, le couperet n’est pas passé loin. Pourtant, même s’il n’y a pas de quoi de crier au génie et encore moins au renouveau, la transe opère et la tête s’agite en rythme sur “CC” et "Drive" par exemple. La version live réduit-t-elle les préliminaires? Difficile de rendre un jugement arrêté. Entre leur set très réussi au Pitchfork Paris en novembre dernier et le récent concert de poseuses plus mitigé au Trabendo ponctué de fausses notes et d'hésitations, la réponse est comme le disque : entre les deux. A l’exercice difficile du deuxième album, Warpaint répond par un disque abouti et travaillé. Si parfois on l’aurait aimé plus rentre-dedans, on prend plaisir à le découvrir et à en apprécier ces morceaux à tiroirs, “Feeling Alright” en tête. Par ses voix doucereuses et ses mélodies chaloupées et envoutantes, il mérite que l’on s’y attarde et même si les premières écoutes peuvent vite donner de passer à autre chose. Pour une musique assez introspective : il s'écoute aussi bien au casque que dans ton salon en fond. Une caractéristique qui nous fait miser une piécette sur la manière dont l'album va murir avec le temps...
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