Plus qu'une simple ébauche

On aurait tort de laisser de côté cet album dans la discographie de Simon and Garfunkel, ou de le réduire à une simple ébauche. Paul Simon y montre déjà ses talents d'auteur-compositeur: il signe ici 5 chansons, qui font partie des plus intéressantes de ce premier opus. The sounds of silence bien sûr, qui sera magnifiée par le producteur Tom Wilson au nez et à la barbe du duo - ce dernier sera d'ailleurs horrifié par cette nouvelle version électrique, version qui donnera cependant enfin une certaine audience à nos deux compères; mais également des petites douceurs auxquelles il est dur de résister, telles que Bleecker street, Sparrow, ou encore le morceau-titre qui conclut l'album. Il ne faut pas oublier non plus He was my brother, complainte politique très efficace. Les reprises sont quant à elles sympathiques: notamment la chanson qui ouvre les festivités, You can tell the world, très énergique et qui rentre facilement en tête (chanson qui n'est d'ailleurs, par sa gaieté, pas vraiment à l'image des titres que produira le duo les six prochaines années). Il montre également déjà son sens de l'harmonie sur Benedictus. Enfin, les deux new-yorkais reprennent le grand classique de Dylan, The times they are a-changin', reprise qui, il faut bien le concéder, n'arrive pas à la cheville de l'original. Bref, tout cela commence très bien... Mais ils feront cent fois mieux deux ans plus tard, avec le sommet Sounds of silence !