Étonnant Tom Misch
Après l'énormissime premier album Geography en 2018, subtil mélange pop, soul, funk, jazz, bossa, rap...je m'attendais à une nouvelle galette (on dit encore ça ?) pleine de tubes qui arrive une fois...
Par
le 8 mai 2020
5 j'aime
Sur papier, la collaboration entre ces deux personnalités montantes de la scène indépendante britannique vendait clairement du rêve.
D’un côté, le chanteur, producteur et guitariste Tom Misch, révélé aux yeux du monde en 2018 à la sortie de son premier album Geography, album aux sonorités solaires, tinté tantôt de jazz, tantôt de bossa nova en passant par des beats hip-hop et appuyé par cette voix suave qu’on voudrait entendre au plus proche de nos oreilles tant les frissons qu’elle provoque sont plaisants. Son jeu de guitare n’a clairement rien à envier aux autres, on sent qu’il a été inspiré par de grands noms, mais il parvient à l’adapter à sa personnalité, jouant d’un équilibre assez impressionnant.
De l’autre côté, Yussef Dayes, ex-membre du duo Yussef Kamaal qu’il partageait avec le virtuose du clavier Kamaal Williams, dont naîtra leur seul et unique album : Black Focus. Mais quel album ! Véritable lettre d’amour au jazz et à Londres, le duo marquera un tournant sans précédent dans la production de ce style musical, permettant la mise au premier plan de la scène jazz britannique, qui, d’année en année, impressionne.
Sur papier donc, les attentes étaient très élevées.
Début 2020, Tom et Yussef commencent la promotion de leur futur album en dévoilant le premier titre * What kinda music *. Le ton est directement lancé. Ici, la place est entièrement laissée à la musique dans sa forme la plus pure. Les instruments en première ligne, chacun y trouve sa place, et tous dévoilent des sonorités tant expérimentales, que bluffantes (l'usage du violon sur cet album le confirme à lui seul). Cette impression se confirmera quelques semaines plus tard avec le partage des morceaux Lift off , et *Kyiv * , deux titres 100 % musicaux en totales improvisations live où seuls les rifs de Misch, les drums époustouflants de Dayes et l’aide du prodigieux bassiste Rocco Palladino, sont rois.
Du Groove à l’état pur.
Avril 2020, l’album sort enfin. La magie s’opère dans l’instant. What kinda music porte définitivement bien son nom, il n’a pas la prétention de vouloir s’imbriquer dans un style en particulier, mais veut tenter à travers ces douze titres, de ses 45 minutes, de voguer entre différents genres, différentes envies (le monstrueux Storm before the calm peut, à lui-même résumer cette pensée), en se laissant porter.
À la première écoute, on retrouve assez facilement les influences qui ont inspirées le duo, notamment Radiohead sur le titre Festival , un soupçon de John Mayer sur Julie Mangos et une touche de feu Micheal Jackson sur I did it for you (chanson qui renvoie directement à Geography).
Pourtant, malgré ces influences présentes (et carrément plaisantes), le groupe a marqué de son empreinte cet album, album qui est né au final de "la simple collaboration" entre deux gars qui puent la musique et qui avaient seulement envie, par dessus tout, disons-le, de se faire un gros kiffe ! Mais pourtant, rien n’est laissé au hasard, le duo s’est appliqué dans la production de l’album en y invitant des musiciens dont le talent n’est plus à démontrer. À noter les backups du génial Jordan Rakei et le flow grave du rappeur Freddie Giggs sur Nightrider, qui envoient du lourd. Sans oublier le soin particulier apporter au mixage, ce dernier étant réalisé par Russel Elevado qui, dans le passé, était aux manettes du légendaire Voodoo d’Angelo. Rien que ça.
What Kinda music peut diviser. Certains le trouveront trop expérimental, d’autres trop disparate, mais je suis d’avis à penser que cet album va trouver sa place dans la catégorie des coups de maître. C’est inspirant, vibrant, totalement enivrant. Et c’est surtout et avant tout, ne l’oublions pas, un album qui doit se vivre en live, comme la majorité des productions jazz. La version album est malgré tout un bijou à écouter, mais faut-il que cela soit fait dans les meilleures conditions , à savoir : avec un casque sur les oreilles et l’envie tenace de s’évader.
Le seul bémol ? Que son écoute soit à tout jamais liée à cette période de confinement !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste TRANSCENDS MY PLAYLIST
Créée
le 4 mai 2020
Critique lue 607 fois
15 j'aime
5 commentaires
D'autres avis sur What Kinda Music
Après l'énormissime premier album Geography en 2018, subtil mélange pop, soul, funk, jazz, bossa, rap...je m'attendais à une nouvelle galette (on dit encore ça ?) pleine de tubes qui arrive une fois...
Par
le 8 mai 2020
5 j'aime
Du même critique
Sur papier, la collaboration entre ces deux personnalités montantes de la scène indépendante britannique vendait clairement du rêve. D’un côté, le chanteur, producteur et guitariste Tom Misch,...
le 4 mai 2020
15 j'aime
5
Marseille, assez évident quand on demande à des Français de réaliser une série qui doit pouvoir s'exporter facilement. Jolie ville, Jolie port, jolie fille, chouette équipe de foot (re lol), un...
le 16 mai 2016
6 j'aime
2
Avec « Jeune Juliette », Anne Émond ne nous offre pas seulement un teenage movie adapté à la sauce québécoise, mais une puissante ode à la différence et à l’acceptation de soi à l’âge le plus...
le 20 déc. 2019
2 j'aime