Je devais bien me résoudre un jour à parler de mon amour pour Chan Marshall, alias Cat Power. Chan Marshall, une fille dérangée et touchante, qui a pris un peu de bouteille avec l'âge, comme en témoigne son dernier album "The Greatest", qui semble être celui de la reconnaissance pour la demoiselle.
Tout a pourtant commencé il y a bien longtemps. Fin 1995 très précisément. A l'époque, "What Would The..." est un petit objet qui détonne dans la production musicale ambiante. Ces chansons faites avec trois accords et deux bouts de ficelle, cette voix si touchante, font de Cat Power une artiste magnifique, une amie capable de comprendre et de suivre la crise adolescente (...). Au fil des écoutes se noue une intimité profonde, un rapport à l'album de plus en plus oppressant. Et pourtant, alors que sa musique est d'une tristesse rare, l'envie d'y retourner ne nous quitte jamais. "What Would..." est avec "Grace" et "Homogenic" l'un des trois albums que j'ai du le plus écouté de ma vie. J'ai forcément du mal à accepter, après dix ans de vie commune et intime avec Chan, qu'elle soit accaparée ainsi par le plus grand public depuis quelques semaines, même si ce succès est mérité. Et puis...face à tant de talent et d'émotivité, je me doutais qu'un jour, d'autres horizons l'appelleraient.
Reste ce "What Would...", album de la naissance, ode à la mélancolie et à la folie, invitation au voyage intérieur, en la plus belle compagnie.
Les instants de grâce que sont "Nude as the News" ou "Water & Air" n'ont pas pris une ride. A (re)découvrir d'urgence.
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