Images and Words, l'album avec lequel la carrière de Dream Theater a vraiment décollé, a connu un tel succès (commercial et critique même si ici c'est moins certain, on y reviendra) qu'on en oublierait presque que ce n'est pas le premier album. Ainsi dans la découverte de la discographie, When Dream and Day Unite est souvent oublié, y compris par le groupe lui-même, qui a récemment sorti un coffret comprenant tous les albums de 1992 à 2011, excluant de fait ce qui est pourtant le premier album du groupe...
... à raison diront les petits malins. En effet When Dream and Day Unite est un album imparfait, ce n'est pas à prouver.
Le style de Dream Theater (bien que déjà très caractéristique) n'est pas encore bien défini, si l'envie de faire du metal prog est présente les compositions ne sont pas encore aussi variées, tortueuses et ambitieuses qu'elles pourront l'être plus tard. Pensez donc, aucun morceau ne dépasse les 9 minutes, ça n'arrivera plus jamais. On est donc là plus sur du heavy metal à tendance prog que sur du véritable prog metal comme le groupe nous en servira plus tard.
Et puis le chanteur, Charlie Dominici, que James LaBrie remplacera dès l'album suivant, n'est pas vraiment taillé pour chanter du metal. Sa voix est pourtant assez belle notamment sur les passages calmes, même si pas toujours bien maîtrisée, mais elle est beaucoup trop faible dès que les instruments s'excitent derrière, et peine à porter les morceaux. Notons que James LaBrie (Jamydu77 pour les intimes) s'en tirera un peu mieux en studio mais connaîtra les mêmes problèmes en live plus tard.
Pire, pire, pire ! Les défauts qui seront tant critiqués chez le groupe sont déjà présents, voire même encore plus que sur la suite de la discographie. Bigre.
Le kitsch est déjà là, à commencer par cette pochette où un éphèbe lascif se fait tatouer le logo du groupe a même ses tétons durcis. Mmmh ! Un vrai rêve éveillé ! Je ressens également une certaine froideur technique dans certains solos ou transitions, alors que ce n'est pas forcément le cas sur certains albums suivants comme Scenes From a Memory où la technique saura être mise au service de l'émotion.
Surtout, surtout, surtout, j'espère que vous n'êtes pas trop frileux sur les productions dégueulasses des années 1980. Parce que là, petit budget oblige, on est en plein dedans, mais genre à un niveau 1000 fois pire que Images and Words.
Et pourtant, et pourtant, et pourtant (je peux continuer longtemps), c'est un album qu'il faut écouter si on aime Dream Theater. D'abord, on y entend comme si on y était le groupe forger leur style en tâtonnant mais avec déjà des belles trouvailles.
Et puis, bien que l'album soit inégal, certains morceaux même si pas totalement aboutis contiennent des riffs, des mélodies, des solos qui n'auront pas à pâlir face à leurs successeurs. Il faut écouter pour s'en convaincre les "reprises" que pourra faire le groupe en concert de Afterlife, The Killing Hand ou encore de l'instrumental The Ytse Jam (anagramme du premier nom du groupe, Majesty, dont est tiré aussi le fameux logo), ou bien encore, pour un chanteur différent, celle de A Fortune in Lies par Kalisia.
Au final, When Dream and Day Unite reste un bon album de heavy un peu prog, avec de bons riffs mais qui souffre d'une mauvaise production et d'une ambition pas toujours aboutie. C'est dommage mais il faut le voir comme la première pierre d'une longue épopée !