When Life Comes to Death par Hororo
Young and in the Way n’a pas attendu d’être signé sur Deathwish pour se tailler une réputation de groupe à suivre. Leur mélange de black metal et de crust n’a pas tardé à trouver des fans vu la popularité des deux genres actuellement. Ajoutez à cela une esthétique un peu occulte avec un logo façon secte et vous avez une recette parfaite pour vendre du tee-shirt a foison. Young and in the Way a donc toutes les cartes en main pour devenir encore plus populaire. Reste plus qu’un album capable de satisfaire les fans et d’en trouver de nouveau.
When life comes to death ne marque donc pas une évolution radicale dans la musique de Young and in the Way. Les riffs black sont toujours aussi agressifs, le batteur martelle toujours autant son D-Beat et le chanteur ne fait toujours aucun compromis dans son chant entre black metal et hardcore. La production en revanche est beaucoup plus metal. La production plus rugueuse de I am not what I am fait place à un prod black metal façon Marduk. On est à bord du char et on fait feu à plein régime sur les lignes ennemis avec des couches de guitares empilés. L’album en gagne en puissance mais en perd en atmosphère sans pour autant faire trop de compromis dans le style du groupe.
Alors que le black metal est devenu un sujet d’étude pour son esthétique et sa philosophie, Young and in the Way se focalise sur un seul aspect du genre : la haine, la haine et la haine. Les trois premiers morceaux le prouvent parfaitement grâce à un enchainement de chansons parmis les plus violentes composés par le groupe jusqu’à présent. Le break de fin de Fuck this life restera surement dans les mémoires comme l’un des sommet d’agressivité musicale de l’année. Passé ce trio, la suite est un peu moins prenante mais chaque titre possède son signe distinctif pour apporter de la variété à un assaut qui aurait pu finir par devenir monotone. Le solo de Self inflicted introduit donc une petite touche arabisante à la Nile/Melechesh tandis qu’une mélodie à la guitare sur le refrain de We are nothing le rend encore plus mémorable.
La durée des chansons a aussi quasiment doublé pour un résultat légèrement plus complexe mais aussi beaucoup plus metal. Cet orientation se sent particulièrement vers la fin du disque avec un trio de titres aux mélodies proche de celles du dernier Watain. On trouve même à la fin du disque une sorte de power ballad appelé Shadow of murder. Les guitaristes troquent alors l’électrique pour l’acoustique et le chanteur apaise ses hurlements pour sussurer d’une voix rocailleuses ses paroles. Le morceau n’est pas mauvais en soi mais sonne déplacé. On est plus proche de We ride on de Watain que de Nothing else matters de Metallica au final mais le groupe est capable de tellement mieux que que cette experimentation sonne comme un faux pas.
Le morceau de conclusion habituellement épique et atmosphérique est là aussi une déception. Le riff de fin emporte le disque vers une conclusion plus chaotique, fidèle à l’agressivité du disque, mais beaucoup moins hypnotique que les compositions de I am not what I am ou de V. Eternal depression. Ainsi, si les trois quart du disque sont bien illustrés par la pochette, le decrescendo de conclusion sonne presque comme une défaite après un départ brillant. On laisse tomber le couteau et on essaye de séduire un autre public pour ne pas se faire enfermer dans la scène hardcore ou black metal. Maintenant que Deafheaven et Watain ont ouvert les portes vers un plus large public, on sent ici une volonté de les imiter quitte à sacrifier un peu de son identité. Une expérimentation avec un arrière gout de trahison heureusement pas assez prononcé pour faire perdre en saveur le reste du disque.