Passé le rush de jubilation qui suit l’entrée en trombe de la guitare Weissenborn sur un premier titre dont le son plaintif, crade, rugueux, fait en quelque sorte la synthèse de l’expérience et de l’incorruptible pugnacité du blues, l'enthousiasme s’évapore vite. On ne sait pas comment, ni pourquoi, Ben Harper, dont les veines charrient de la musique comme le Mississipi du limon, a fini par lâcher la proie pour l’ombre. Pourquoi il ne parvient plus à délivrer la moindre mélodie ? Pourquoi ses albums ne communiquent plus la moindre émotion, se contentant d’aligner des chansons quelconques qui toutes s’apparentent à des exercices de style, ici une ballade, là un rock heavy, one for the boogie and two for the road ? La présence d’un nouveau groupe à ses côtés, Relentless7, va même jusqu’à accentuer cette tendance, de sorte que le seul moyen d’aller au bout sans bailler, c’est de détourner l’écoute en Trivial Pursuit. Question : d’où est tiré le riff de Keep It Together ? Réponse : de Iron Man de Black Sabbath. Question : où a t’on déjà entendu le solo de The Word Suicide ? Réponse : sur I’ve Been Waiting For You du premier Neil Young. Question : sur quel rythme s’appuie Lay There & Hate Me ? Réponse : sur celui de Sympathy For The Devil des Stones. À 100 points, peut-être même qu’on vous rembourse.(Inrocks)