Comme on dit, c'est la faute à pas de chance. Trois ans séparent ce White Magic... de son prédécesseur, un premier album éponyme sorti en 95 et accueilli de façon dithyrambique par la critique de l'époque. Entre les deux, une longue période de dèche, ponctuée par des sessions en studio qui traînent en longueur, un album enfin bouclé en janvier 97 puis une rupture de contrat de distribution avec Polygram. Un an plus tard, l'album maudit resurgit enfin, alors que l'actualité discographique est des plus denses. Dans ces conditions, White Magic For Lovers peut sembler déjà daté avant même sa sortie. Pourtant Drugstore a de l'abattage mais croit encore un peu trop aux bonnes vieilles ficelles du rock à guitares, jusqu'à ressembler sur certains titres (Never Come Down, I Know I Could, Sober) au pendant féminin de Oasis, The Verve ou de Radiohead... d'il y a trois ans. Mais quand Drugstore oublie de se caricaturer (Space Girl) et cherche enfin à sortir des sentiers battus, cela donne El President (en duo avec un certain Thom Yorke), I Don't Want To Be Here ou le fragile Song For Pessoa. Alors qu'Isabel Monteiro chante mieux que jamais, son groupe reste planté au sol des convenances, incapable d'ambition et de surprise. (Magic)