Force et Horner

Y a-t-il un moment pour célébrer, se recueillir, honorer une mémoire ou se souvenir ? Opportun ou pas, le moment est là et l'envie d'écrire aussi. James Horner s'en est allé, bêtement, comme souvent. Parce que la vie est bête. Parce qu'au détour d'une mauvaise nouvelle, des souvenirs reviennent...

Le premier film de Fantasy dans une salle de cinéma, pas bien grande et pas bien belle. Mais l'essentiel se passait sur l'écran. L'émerveillement total d'un gamin d'une dizaine d'années qui découvrait les aventures trépidantes de Willow et de Madmartigan. Et qui découvrait également que la musique d'un film pouvait le faire frissonner et l'emporter. Les années ont passé, le film a vieilli et le gamin aussi. Mais il a quand même précieusement conservé ce souvenir. Et notamment grâce à ce thème joué lorsque le nom du film est apparu.

Parce que la musique, elle, n'a pas vieilli. De l'inquiétant, du tonitruant et de l'épique, tout est là. Les mélodies évocatrices ne manquent jamais à l'appel, à chaque écoute, c'est le même enchantement. Et puis il y a la signature du compositeur, ces petites notes de flûte qui chantent comme un souffle et qu'on retrouve notamment dans Coeur de Tonnerre et Braveheart. Sans oublier ces cloches et ces enclumes qui sonnent l'hallali et ces hautbois dont la nostalgie est si douce...

Le disque est là, l'un des premiers d'une bibliothèque musicale qui commençait tout juste à l'époque. Une époque où certaines bandes originales de film s'achetaient fort chères dans des boutiques spécialisées dans le cinéma. Que va-t-il se passer demain ? Les boutiques vont-elles vendre la musique qui accompagnait le bateau qui coule par palettes entières ? Peut-être. Ou le public aura-t-il bien vite oublié cette nouvelle pour se consacrer à des choses plus terre à terre ? Peut-être.

Mais une chose est sûre, demain la bande originale de Willow sera toujours là, belle comme la neige dans laquelle trébuche la nourrice d'Elora Danan pour l'arracher aux griffes de Bavmorda, terrible comme le casque à tête de mort de Kael et héroïque comme la charge de Madmartigan.

James Horner s'en est allé Dieu sait où. Il a sans doute rejoint Airk Thaughbaer au panthéon des héros. Adieu et surtout, merci.