Le 28 avril, à Puget sur Agens, dans le Var, je me rends avec un pote au Rat's, une salle sympathique, qui produit régulièrement des concerts de qualité, par exemple ici: Exmortus, Gorod, Warbringer et Havok. En réalité, j'y allais pour voir Gorod, groupe que j'adore (je suis pris de spasmes à chaque écoute de Disavow your god, par exemple) mais qui m'avait laissé un souvenir de live très moyen au Motocultor 2016. Exmortus et Gorod ouvrent donc le bal par deux sets parfaitement exécutés. Puis vint Warbringer, que l'on m'avait décrit comme un groupe lambda, moyen sur scène. Quelle ne fut pas ma suprise lorsque j'ai entendu les premières notes de Silhouettes: Un set hyper violent, une fosse dévastée par les multiples pogos, wall of death etc. Mon amour pour Warbringer était né.


Mais que vaut véritablement Woe to the Vainquished? Je le trouve très bon, autant mettre les pieds dans le plat. C'est une envolée de violence, d'intelligence, et de technique. L'album dépasse les standards du thrash moyen tout en gardant fondamentalement cet esprit de destruction et d'efficacité nécessaire. L'album regorge de passages surpuissant (j'ai en tête notamment un break sur Shellfire ou un autre sur Silhouettes) et chaque riff est d'une efficacité impeccable. A l'image de la pochette, l'album est une représentation musicale de la guerre. On retrouve une violence viscérale dans le son qui maintient constamment cette aura d'agressivité. Evidemment, elle est portée par le chant de John Kevill, vocaliste assez fou: son chant écorché ne laisse pas à l'auditeur le temps de respirer, de sortir la tête de l'eau. Quant à la session rythmique, l'album propose un martèlement continu des fûts et des cordes de basse, ça blaste ou pas mais les rythmiques guèrrières et saccadées sont toujours de mise, renforçant, là aussi l'agressivité de chaque morceau. On a donc un album intense, violent et très maîtrisé. Mais ce qui rend cet album plus unique encore, c'est son morceau final: When guns fell silent: Un morceau de 11 minutes fortement inspiré par la période Nordland de Bathory, avec des motifs sonores et une thématique différents. Le chant de Kevill s'y fait plus fantomatique, l'ambiance prend rapidement grâce à l'utilisation du sample, cette introduction lente et profonde puis cette idée de désolation qui, tout le long du morceau, prend aux tripes l'auditeur. Ce morceau, exercice nouveau et risqué pour un groupe de thrash, est une véritable réussite. Puis, pour saisir toute la portée de cette galette, il est amusant de s'intéresser aux thématiques de l'album. Evidemment, elles sont toutes liées à la guerre, puisque c'est le concept phare de l'oeuvre (et que le thrash et la guerre ont toujours matché et matcheront sûrement toujours) mais sous différents aspects. Aussi Silhouettes a pour thème principal les effets de la bombe nucléaire, par le prisme assez poétique des silhouettes que la bombe laisse derrière elle, puisque lorsqu'une bombe nucléaire explose, elle détruit toute la matière autour d'elle pour ne laisser que l'ombre, unique vestige. Le groupe parle des violences policières (Remain Silent), de la 2nde guerre mondiale, de la 1ère (c'est le sujet de ce fameux morceau final), de l'empire romain (titre éponyme), les sujets sont variés et ont pour point commun la violence. Intéressant de décliner la violence sous différents aspect pour se rendre compte, et c'est bien triste, de son omniprésence chez l'homme. C'est peut être pour ça que cet album me plaît tant. Il est finalement assez humain, primitif, spontanné. Mais bon, pour essayer de paraître un minimum objectif, on pourrait peut-être parler de Spectral Asylum, morceau qui paraît hors sujet, peu entraînant, très convenu, et aux lyrics assez lambda mais qui n'est pas non plus une purge à écouter, même si, malheureusement, il casse un peu cette espèce d’agressivité ambiante dans l'album.


Pour conclure, cet album de thrash aux relents de death et de black est d'une efficacité impeccable, d'une production tout à fait acceptable et surtout moteur d'une tension destructrice et prenante qui fait de véritables ravages dans les salles par lesquelles ils passent. Je ne peux que le conseiller, c'est sûrement l'album de thrash que j'ai le plus écouté ces derniers temps, avec Unstoppable Power de Condor, que je vous conseille tout autant.

Jean-BaptisteNoël
8

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Créée

le 26 oct. 2017

Critique lue 150 fois

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