1990, une bande de gamins suédois jettent un pavé dans la mare. Premier méfait d'Entombed, Left Hand Path, enregistré l'année précédente, redéfinit d'un seul trait le métal extrême européen, créant par la même occasion à la fois un nouveau son et initiant une nouvelle scène. Alternative crédible à la vague death metal floridienne naissante, tant au niveau des structures que du son (le fameux Sunlight sound), les cinq scandinaves allaient marquer durablement la décennie.
Révolutionner bien malgré vous un courant musical quand l'âge moyen des protagonistes ne dépasse pas les 17 ans, l’étiquette aurait pu être dure à porter. Dès lors se pose l’éternelle question de l'évolution à suivre. Creuser le même sillon ou aller de l'avant afin d'éviter une mort subite faute de remise en cause. Si ce genre de questionnement apparait en général à terme, Entombed embraye la seconde aussi vite que Left Hand Path était apparu. Une année après la sortie de leur premier album, Entombed et leur Clandestine prouve que le surplace n’est point de mise et qu'il ne faut pas les cataloguer trop vite (parallèle évoquant l'évolution des jeunes Metallica entre Kill'em All et Ride the lightning). Clandestine ou un album plus compact et technique en gardant le fameux son gras qui les caractérise.
Deux ans plus tard sort leur troisième album Wolverine Blues, et une fois de plus le groupe a décidé d’aller encore plus loin. A la différence d’autres formations, nos suédois en gardant à l’esprit la maxime « leader not follower », ne suivent ni le chemin de la brutalité et de la technicité à outrance initiée par les new-yorkais de Suffocation, ni celui de la pesanteur et de la lenteur (le fameux renouveau de la scène doom metal britannique). Non, ils tentent une troisième voix plus Motörheadienne, celle du rock ‘n’ roll, en reprenant à leur compte la célèbre maxime de l’ami Lemmy : « on joue du rock’n roll, sauf qu’on joue un peu plus fort que les autres ».
Wolverine Blues quintessence du death metal et du rock ‘n’ roll, le death ‘n’ roll était né ! Si certains à l’époque ont du crier à l’infamie, voire les traiter de vendus, il est difficile à moins d’avoir trois kilos de cire à chaque oreille, de remettre en doute la virulence et l’honnêteté du propos de nos cinq petits gars.
Dès le premier titre, Eyemaster, la messe est dite. Une belle saturation en guise d’intro, du riff gras de chez gras (merci à leur producteur Tomas Skogsberg), et un Lars-Göran Petrov au sommet de sa forme (absent du deuxième opus, le gaillard en a gardé sous sa besace) qui rend son chant certes plus compréhensible mais pas moins puissant. De même, le batteur Nicke Andersson s'éloigne des recettes éprouvées du death metal, aucun blastbeat et aucune double grosse caisse (l’album est relativement mid-tempo). Il en profitera d’ailleurs par la suite pour former les Hellacopters, groupe où l’influence stoogienne se fait encore plus sentir. Registre volontairement direct (ajoutez à cela des solos délicieusement motörheadiens), des structures typiques d’une attitude garage/proto-punk (aucun plan démonstratif), un mix qui ressemble à de l’ambroisie pour les oreilles qui voudraient écouter les Stooges jouant du death metal.
CULTE !
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2008/03/death-n-roll.html