Wonder est un excellent album. J'ose même, sans crainte aucune et en toute conscience, affirmer qu'il est l'un des meilleurs albums de black metal qu'il m'a été donné d'écouter.
Lustre, projet musical solo, se démarque vraiment des autres artistes du même genre. Black, l'album ne l'est pas tout à fait à vrai dire, pas au sens stricto sensus. Placée sous le signe de la nostalgie, chaque piste se voit ponctuée par le synthé' de notes claires. Le black metal aime à flirter avec la tristesse et la mélancolie. Lustre a fait le choix inverse : parier sur l'espérance, et nous délivre par-là même des chaînes noircies habituelles du black metal.
N'allez cependant pas croire que Lustre, dans Wonder, renie ce qui fait les racines même du genre. A la différence d'autres albums, il a juste fait le choix de laisser entrer un peu de lumière, pour mieux révéler la beauté de ses compositions, à la façon d'un jeu de clair obscur. La technique ainsi s'adapte. Les voix distordues habituelles se fondent littéralement dans la musique ici, comme dans Moonlit Meadow ou encore a Summer Night, ma préférée de l'album. Elles ne disent plus rien, et deviennent simples instruments au service de la composition. Les voix, en effet, sont ici secondaires, et ne sont plus au centre même de la création. Elles en sont juste un élément.
Lustre nous prouve ici que le métal, dans sa généralité, est réellement protéiforme, et n'est pas exempt de sensibilité et d'âme. L'investissement de Nachtzeit est ici vraiment palpable. Wonder est un album honnête et humble, qui ne prétend pas exceller en technicité, mais qui, en vérité, avec peu d'éléments, parvient à se hisser au niveau des grands.