T'aimes pas le hip-hop ? t'as une tonne d'a priori ? Les lascars c'est pas ton truc ? Quand ça brille et reluit par-ci et par-là ? Quand c'est du beat samplé chez le pélo du coin ? Quand quand quand quand quand quand ?
Eh bah j'vais t'dire une bonne chose comme disait John Gabin; t'as sonné à la mauvaise adresse si tu crois que le Wu-Tang c'est ça. Si tu crois que ce collectif de la East-Coast n'est qu'un agrégat de ramassis de rappeurs du dimanche habillé chez Lacoste, là aussi t'es sur la mauvaise piste pour skier. Pousse la porte, man. Elle est entr'ouverte, t'as juste à poser tes fesses et suivre le mouvement. Ah ça il va falloir donner un peu du tien car ça dure plus de 2h cette histoire réparties en 27 pistes. 29 si t'aimes les bonus.
Après un tonitruant Enter the Wu-Tang (36 Chambers) quatre auparavant, le Clan remet le couvert avec Wu-Tang Forever. Gare aux gerçures car ça frise aux entournures si tu veux mon avis. Pas le genre de hop-hip-hophophop de supermarché, nan nan oula. On travaille sur les rondeurs et on fait dans le subtil (sauf sur 'The Projects' par contre), dans le velouté des grands seigneurs, sioûplait.
Le flow de 'Reunited' est celui qui m'avait mis les pieds dans le plat quand j'étais au bahut. Laissé de côté pour mieux le redécouvrir des années après. Ouais le WTC (pas le World Trade Center, hein) c'est de la old-skool, de la valeur sûre, les pères de nombre de hiphopmen qui suivirent. Une estampille, une référence. Y a toujours des lendemains qui chantent quand tu t'écoutes 'A Better Tomorrow' en guise d'avant-dernière track du premier CD. Pfiouuu c'est passé à une vitesse le voyage aller. Même pas eu le temps d'aller pisser un bol dis-donc. Yeah man, la vessie remplie à 3 litres. J'suis gonflé comme un baudruche prêt à exploser mais la pause est proche. Après 'It's Yourz, it'll be mine'. Boom bap boom bap boom bap.
Back for the second one.
On reprend la même team et on recharge les armes d'instruction musicale massive. Hip hip-hop hourra. Trois litres de jaune en moins dans le bas-ventre et yaka c'est reparti pour la manche retour. Partant du 'Triumph' pour atterrir sur 'The City' en hélico, ça secoue dans les esgourdes. Fenêtre ouverte, fenêtre sur cour, courant d'air et ce rotor qui gueule comme un chien en rut. Et merde. Le 'Little Ghetto Boys' sous fond de cops et de coups de guns, rime, scratche et balance le yaourt dans toutes les directions. C'est le climax. L'ombre de DJ Shadow n'est pas loin. Le jedi 'Deadly Melody' sort son sabre et remet les pendules à l'heure de Staten Island. On redescend de la colline pour revenir en ville et ses dangers (The City). La suite ? eheh petit gourgandin. Patience. On recharge les lyrics de plein de super et on repart à l'assaut (Gloria). Sur 'Dog Sh*t', ne serait-ce pas Raekwon qui use de sa voix rauque ? Ol' Dirty Bastard maybe. Jusque-là sur un ton (plus ou moins) homogène, v'la ti pas qu'on entend surgir ce bon vieux beat gangsta qui amène une special touch dans le dérailleur bien huilé de la makina Wu-Tang. Le démon rattrape l'équipée sauvage. Le conscious hip-hop est plus que jamais présent en cette fin d'album, un brin harcore sur les bords. On passe du canif au glaive direct. Pas d'intermédiaire. Mesures radicales de suite. Faut pas déconner quoi, on n'a pas que ça à foutre ! Sbim une tête sur le sol. Ça enquille sévère. Rythme industriel. Le fordisme du hip-hop au plus haut sur 'Hellz Wind Staff'. Production/vité maxi sans détour. Waaoouurrff dans les dents, Adam. Dès lors on est sur la freeway à toute blinde. Ça trace à fond de cinquième. Le BPMomètre s'affole, le BattleWordomètre perd le contrôle sur 'Heaterz'. Ça fait du deux-roues à la Starsky; au volant de la Ford, direction Turin. (pour les spécialistes)
Arrivé à bon port, les valises déchargées, time to have a nap and listen again Wu-Tang Forever, forever.
Ouf, j'en ai fini de mon laïus.
Le Wu a encore frappé.