Xtrmntr est un album rugueux, belliqueux. Un album qui ne vous accompagnera jamais sur une île déserte. Il y a pourtant ce Kill all hippies pour démarrer, un brûlot qui donne le ton d'un disque qui ne prendra jamais de gants pour tordre le cou à des mélodies déjà pas bien épaisses. Sur Accelerator resurgit la vieille fascination de Primal Scream pour les guitares ventripotentes et le metal fondu, puis l'haleine de cyberchacal et la basse 8-cylindres de Xtrmntr et de Swastika eyes achèveront les moins endurants. Les autres entameront alors une lente reptation en apnée entre le hip-hop torve de Pills, les dissonances cuivrées de Blood money et la comptine Keep your dreams sur laquelle s'est penché l'esprit bienveillant de Screamadelica, le classique du groupe. Plus loin, on s'arrêtera sur MBV arkestra, grandiose remix signé My Bloody Valentine d'If they move, kill em évoquant plutôt un sous-marin jaune funky propulsé à l'envers par une boîte à rythmes autogérée. Un rebond sur le remix bouillant de Swastika eyes par les Chemical Brothers et voici Shoot speed kill light, dernier morceau de l'album. Guitares cinglantes, beat martial et psychédélisme torride, Shoot speed kill light est en un seul morceau un best-of de quinze années de singles Creation Records, le label phare de l'indie-rock britannique devenu une multinationale qu'Alan McGee, son fondateur, a tout récemment décidé de dissoudre. Que Xtrmntr soit donc un peu moins réussi que son prédécesseur Vanishing point importe peu. Dernière référence Creation et premier album majeur de l'an 2000, Xtrmntr est le disque qu'il devait être : un résumé des chapitres précédents, et une formidable introduction aux suivants. Un disque impensable il y a encore cinq ans, avec lequel seule une poignée de groupes peuvent aujourd'hui rivaliser : Massive Attack, Death In Vegas, les Chemical Brothers, les Lo-Fidelity All Stars, et c'est à peu près tout (Inrocks)
Pour Primal Scream, on aimerait reprendre l'appellation "groove machine", tellement cet album fleure bon les corps qui se trémoussent, les guitares qui s'entrechoquent, les beats protubérants et assassins. À l'image d'un Beck, des Chemical Brothers ou d'un New Order sous perfusion Stooges, Exterminator nous fait vibrer, éructer, danser, sauter en l'air, tels des chimpanzés sous amphétamines. De Swastika Eyes, single techno dévastateur, à Accelerator, hymne garage survitaminé, EXTRMNTR décline toutes les variations de la gamme du rock'n'roll le plus primitif, sauvagement marié à des machines suintantes, manipulées par des invités de marque comme l'omniprésent Jagz Kooner, David Holmes, Adrian Sherwood, Brendan Lynch, Kevin Shields et Dan The Automator. Ce dernier, aux manettes de Pills, entraîne le Scream dans une digression hip hop mêlant "phat beats" et violons synthétiques, tandis que Bobby Gillespie, épileptique, renvoie des fuck d'anthologie... Blood Money fait ensuite se rencontrer des gimmicks à la John Barry avec des cuivres jazz par-dessus une rythmique infernale ! Ce qui est aussi le propos de MBV Arkestra, version du single If They Move Kill 'Em (un morceau du précédent album), ici orchestré par un Kevin Shields se prenant pour Sun Râ aux commandes de Primal Scream transformé en Arkestra numérique. Avec les années, la musique de Primal Scream se fait plus violente, plus dévastatrice, plus dévastée aussi, à l'image même de la voix de Bobby Gillespie. Une voix que l'on retrouve rajeunie sur Keep Your Dreams, ballade renvoyant aux meilleurs moments de Screamadelica. "Keep your dreams, don't sell your soul" : on n'aurait pu rêver meilleure épitaphe pour la dernière référence Creation. (Magic)