J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cet album à l'époque où je l'ai découvert (vers 2006-2007, peu après sa sortie donc) et avec les années c'est un disque vers lequel je reviens souvent avec plaisir et qui occupe même une place un peu à part dans ma discographie. Les albums comme Yellow House ne sont finalement pas si nombreux : on est en plein rêve musical, en totale apesanteur, dans un autre univers, onirique et planant, de la première à la dernière minute.
Il n'y aucun moment faible, mais d'un autre côté peu de moments qui sortent du lot, peu de ruptures, à part à la rigueur mes petits préférés que sont Knife et surtout Plans. Il est davantage question d'ambiance que de chansons, d'où ce sentiment d’évanescence enivrante. Et par extension, cela explique une première approche qui peut paraître austère ; il y a vraiment un seuil à franchir avant d'adhérer complètement à l'univers de Yellow House.
Je ne cesse de réévaluer cet album au fil des ans, et la sortie des autres albums de Grizzly Bear n'a fait que renforcer cette conviction. Je trouve que le groupe a fait évoluer sa musique de manière significative par la suite. Veckatimest est beaucoup plus classique, plus concis, en recherche d'efficacité, concept qui n'a pas sa place dans Yellow House, l'album s'échappant sans cesse vers de nouveaux horizons, glissant sur des ambiances oniriques et insaisissables.
En 2006, on pouvait voir dans Yellow House un groupe en devenir qui esquissait une formule qui serait perfectionnée au fil du temps alors qu'en fait tout était déjà là. La suite l'a prouvé car le groupe n'a pas fait mieux. Il a surtout fait autrement, mais rien n'a (encore) atteint la cohérence et l'harmonie absolue de Yellow House, album définitivement à part.