You Can't Take It With You par Feedbacker
Retour rapide sur ce petit groupe américain nommé As Tall As Lions, qui a démarré sa carrière en 2004 et cessé ses activités en 2009 après quatre-cinq productions discrètes, dont ce You Can't Take It With You. Dernière manifestation d'un groupe sans prétention, qui agissait à ses débuts dans la veine power-pop d'un Dredg. On retrouve ce même sentiment d'impudeur, celui d'un rock super-mélodique qui ne craint à aucun moment de frôler la niaiserie et déverse dans ses titres un flot de bons sentiments et une naïveté qui peuvent, j'en conviens, en rebuter plus d'un (notons qu'ils chantaient en 2006 avec une gaieté déconcertante "Love, love, love, love, love..."). Mais c'est justement ça qui est touchant dans As Tall As Lions ; cette pureté cristallisée, cette volonté de ne pas se cacher derrière de faux airs de gros durs mais de se mettre à nu, de faire l'étalage - l'éloge ! - de ses faiblesses. Un coup d'oreille au fabuleux morceau d'ouverture, "Circles", vous en convaincra.
Bien sûr, cela s'accompagne d'une certaine qualité musicale. Outre la variété d'instruments que le groupe fait ici intervenir, c'est surtout la richesse harmonique qui marque, tant dans les voix - très mises en avant ("Duemerte") - que dans la musique elle-même. Le groupe ne cède jamais à la facilité mais s'applique à créer des textures où les détails abondent, alternant morceaux vifs et éclatants ("In Case of Rupture") et lentes ballades rêveuses ("Lost my mind"), quand ils n'usent pas d'une légère touche soul ("We've been waitin") et, plus généralement, révèlent un goût pour l'imprévisible qui rend l'écoute jouissive. Quitter la scène musicale avec un disque aussi riche, maîtrisé et coloré, est à la fois remarquable et franchement désolant.