De la rage Blasée du siècle
La rage habite ce siècle. La rage et le blasage. On est énervés et on en a plus rien à foutre de rien. On veut juste voir le monde brûler. Pour la plupart. Le temps n’est plus au nihilisme des années 90s ou à la prétention des années 2000, mais aux leçons que nous en tirons. Après, bien évidemment, dans le passé, on est toujours con, et ça nous énerve, alors on essaie d’agir autrement, et ça recommence après, donc on rechange d’attitude, et ça continue, jusqu’à ce qu’on en aie, je l’ai dit plus haut, strictement plus rien à foutre de rien. Je vous vomis, allez mourir, ou quelque chose comme ça.
Si l’on suit ma théorie, on peut conclure qu’Iceage est un groupe tout à fait en lien avec son époque. Ces Danois controversés (y en a beaucoup, vous trouvez pas ? Hein, Lars ? Tu m’entends ? LAAARS ? (Le premier qui évoque le Ulrich, je l’empale.) ), distillent un post-punk ultra violent et puissant. Noise et froid. Joy Division rencontre Black Flag. La fête. Et dans leur dernier opus sorti en février dernier, You’re Nothing, force est de constater qu’ils ont toujours pas envie d’être tes potes.
Je m’explique, leur musique est froide, elle est bruyante, y a pas mal d’effets, on est tout juste à la limite du shoegaze à certains instants, mais ce qui caractérise, outre le bruit couvrant les riffs, Iceage, c’est leurs riffs, justement, directs, simples organiques et cyniques à la fois. C’est froid, violent et en même temps vibrant d’une furie toute punk.
You’re Nothing est un peu un catalogue de cris, d’urgence et de violence, mais là où l’album passe de simple disque punk à clair défouloir à émotions, c’est dans ses compositions et sa production complètement stellaire. Les guitares s’enchevêtrent comme des briques formant un mur sonore, tandis que la section basse batterie déroule avec des changements de tempo d’une précision hasardeuse, tandis que la voix hurle et libère le chaos qui se trouve dans la tête de beaucoup, en ces temps.
Et quitte à faire des comparaisons d’une facilité et d’une évidence déconcertante, je dirais ça : Iceage a la même approche que Joy Division à leur époque. Je ne sais pas s’ils seront aussi séminaux qu’eux (j’en doute quand même), mais cet aspect à la fois chaotique et froid qui faisait le charme de Joy Division, se retrouve dans des morceaux comme Ecstasy ou Burning Hand, mais à cela ce rajoute un esprit de blase et de nihilisme qui fait finalement notre début de siècle, plongé dans des méandres de dégoût généralisé, qui s’exprime dans une rage à moitié vaine mais libératrice, comme dans Coalition ou Rodfaestet.
Je vous l’avais dit : un groupe de notre époque.