Déçu en bien

Ceux qui lisent mon blog depuis un moment risquent, à la lecture du titre, de se demander si leur tonton Alias préféré (car unique) a finalement sombré dans l’Alzheimer profond et commencé à rechroniquer ses vieux billets.

Rassurez-vous, je ne suis pas encore en plein délire et ce titre – 1940 – Et si la France avait continué la guerre? – s’applique à la nouvelle bande dessinée uchronique de Jean-Pierre Pécau, inspirée par la fameuse Fantasque Time Line, dont le premier tome vient de sortir.

L’histoire commence par ce que les uchronistes appellent « point de divergence » (ou POD), le moment où l’Histoire bascule dans l’uchronie: l’accident de voiture mortel – au Pont de l’Alma, comme c’est taquin – de la comtesse Hélène de Portes, maîtresse du président français et farouche partisane de l’armistice.

Mais la trame de la bande dessinée va surtout suivre un trio de personnages, trois pilotes: Yvon Lagadec, de l’Aéronavale, Jules, de l’Armée de l’Air et Marianne, une civile, mais qui possède un Gipsy Moth rose. Le trio fuit Paris peut avant l’arrivée des troupes allemandes et se retrouve au cœur du conseil des ministres qui voit l’arrestation de Pétain et la décision d’entamer le « Grand déménagement » de tout ce qu’il est encore possible de sauver vers l’Afrique du nord.

Le dessin, signé Jovan Ukropina, est correct, mais pas exceptionnel non plus; certaines scènes de destruction – le départ de Paris, notamment – auraient pu être plus dramatiques. La trame est plutôt plaisante, même si elle repose sur des éléments que je connais déjà, notamment des « coloriages » de la trame des évènements – en d’autres termes, des fictions dans le cadre de cette histoire alternative. Yvon et Marianne sont des personnages inventés pour ces coloriages.

Ce qui me frappe, c’est de voir la différence de média entre les textes alt-historiques et ce qui fait une bonne bédé, c’est-à-dire une histoire avec des personnages. Je râle souvent sur les séries uchroniques, qui tendent à traiter l’uchronie elle-même par-dessus la jambe, mais il faut avouer que de l’infodump pour historien maniaque ne fait pas une bonne histoire.

Sur la base de ce seul premier tome, j’ai du mal à dire si 1940 – Et si la France avait continué la guerre? est une bonne série. Pour le moment, elle me plaît, sans plus; il faut dire que, de par mon implication dans le projet originel, j’en attendais beaucoup tout en craignant le pire.

Je peux donc dire, en bon Suisse, que je suis déçu en bien. Et que j’attends la suite.