L'année 93 est marquée par une foule de crossovers pour les mutants. Mais ce troisième tome nous montre une gestion admirable des temps creux par Scott Lobdell.
Tout d'abord, il y a la menace du virus Legacy qui s'insinue et prend de plus en plus de place. Le cerveau y succombe dans un épisode plutôt touchant. Illyana meurt à son tour… perte choquante même si à l'époque elle était encore un cran en dessous en terme d'importance par rapport à son frère Colossus. L'épisode Uncanny X-Men 303 qui nous raconte sa mort a une atmosphère singulière, nous annonçant la tragédie dès le début, mettant le focus sur la gestion du deuil, prenant le temps de s'attarder sur la gestion des derniers jours des proches face à une petite mourante. Un grand épisode de comics très sincèrement.
Il y a aussi le lancement du trimestriel X-Men Unlimited. Ce premier épisode (long format!) se recentre sur les leaders x-men : Xavier, Cyclops, Ororo. La menace est nouvelle mais fonctionne de par sa puissance, le cadre arctique qui a toujours fait merveille pour les mutants fait une fois de plus son effet, l'aventure en mode survie est bien écrite. Et puis évidemment il y a ce teasing du retour du grand M, ce petit frisson de cette silhouette flottant dans les vents glacés.
Enfin, nous avons la première moitié du crossover "Fatal attractions". La première histoire sur Magneto depuis le départ de Claremont. Le défi est de taille mais on retrouvera cette vibe mi-épique mi-poétique, entre tyran fou et brillant démagogue, protecteur et agresseur, victime et bourreau. Le personnage garde ainsi sa complexité dans le contexte géopolitique fictif bordélique des x-men années 90' (Kelly et ses sentinelles étatiques, X-Factor à la botte du gouvernement, les Acolytes en fou sanguinaires adeptes de l'épuration ethnique, X-Force en bras armé de Cable, etc). Sa doctrine se fait plus religieuse, se percevant comme un messie revenant d'entre les morts pour guider les mutants vers un paradis - promesse particulièrement intéressante à l'heure où le virus legacy se propage sur Terre. Il se dote d'un bras droit, Exodus, prophète tombant à pic. C'est un crossover finalement très calme dans le tumulte des années 90, beaucoup plus porté sur les idées et les joutes verbales que ne l'était plus tôt dans l'année le chant du bourreau.
L'ensemble est réussi et les x-men paraissent désormais bien remis du départ de leur père spirituel Claremont.