Sensibilité par l’association Ban Public, Sylvain Ricard décide d’écrire un scénario à charge contre les conditions de détentions en France. Pour cela, il va s’inspirer du témoignage du fondateur de cette association, Milko Paris. Le tout est mis en image par Nicoby et publié chez Futoropolis pour une centaine de pages.


On suit donc le parcours de Milan, emprisonné dès les premières pages. C’est un voleur, violent, avec des convictions bien arrêtées. À aucun moment pendant sa détention il n’acceptera l’indignité dans laquelle il vit. Ses rebellions, ses questionnements vont se heurter à l’administration pénitentiaire qui le lui fera payer en lui offrant le mitard et des transferts en cascade.


Si « 20 ans ferme » reprend les poncifs du genre, avec les clans de prisonniers et les luttes de pouvoir, c’est surtout le rapport surveillant/prisonnier qui est mis en lumière. Chaque parole de Milan est pris comme une provocation. Cela peut être pour avoir des parloirs sexuels ou pour comprendre pourquoi leur paye, à l’atelier, est variable bien que leurs horaires soient constants. À force d’emmerder le monde, Milan se retrouve stigmatisé systématiquement partout où il passe.


Le défaut évident de cet ouvrage est son message à sens unique. L’administration est 100% fautive, les gardiens sont des salauds et les prisonniers mériteraient mieux. Pour cela, chaque se fera son opinion mais l’ensemble manque de nuance. Mais le constat de prisons qui ne résolvent rien et renvoient des personnes brisées dans la société est particulièrement d’actualité.


Au-delà de la charge comme les prisons, « 20 ans ferme » possède une véritable tension, un suspense. On ne s’y ennuie jamais et l’ensemble se dévore d’une traite. La narration est bien servi par le trait de Nicoby, bien plus rond d’habitude. Malgré l’enfermement, il apporte une variété dans ses plans et une force en parfaite adéquation avec l’ouvrage. Du beau travail de dessinateur au service d’un scénario.


« 20 ans ferme » est une bonne bande dessinée, avec une histoire prenante, servi par un dessin adapté, et porteuse d’un message. La tension y est permanente et il est bien difficile de lâcher le livre avant de l’avoir terminé. Quant au message porté par le livre, il ne laissera personne indifférent.

belzaran
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le 29 sept. 2016

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