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Voilà, ayé, j'ai lu les 24 tomes de 20th Century Boy. Alors soit, je ne suis pas un accro aux mangas. Soit, je n'en ai même que trop peu lu pour vraiment pouvoir le classifier dans le grand fourmillement de parutions étalées sur les 40 dernières années. Soit. Reste que j'ai souvent été assis dans ma vie. Et j'ai rarement autant eu l'impression d'être constamment sur le cul en lisant une saga.
Aujourd'hui, en terme de BD, on parle beaucoup de Walking Dead. La comparaison est assez ignoble, mais elle concerne surtout l'impression fondamentale de lire quelque chose de dantesque. Et Walking Dead, j'ai bien aimé. C'est cool, ça fait passer le temps. Alors oui "mais tu va voir, le pire ennemi de l'homme finalement, c'est l'homme", moui ça fait réfléchir. Les 3 premiers tomes. Après, la routine s'installe, le quotidien prend le dessus et l'histoire se déroule au gré de péripéties diverses.
Et 20th Century Boy se pose là. Arrêtez tout, mais alors COMPLETEMENT TOUT. Si vous avez eu un jour un doux rêve sur une histoire que vous pourriez lire sur 3 mois, où TOUT EST LIE, où chaque événement sera ressorti 5, 10, 15 tomes après, où chaque personnage évolue, et où vous NE SEREZ JAMAIS PERDU alors vous allez être scié. Scié parce que 20th Century Boy contredit toutes les règles de clarté du récit et de lisibilité.
Une histoire évoluant sur 7 époques différentes ? 20TH CENTURY BOY LE FAIT.
Une histoire évoluant dans 2 dimensions ? 20TH CENTURY BOY LE FAIT.
Une histoire mélangeant 40 personnages se croisant, s'ignorant, se mélangeant ? 20TH CENTURY BOY LE FAIT.
Une histoire où le héros principal n’apparaît que dans 5 tomes sur 22 ? 20TH CENTURY BOY LE FAIT.
Une histoire où il n'y a du coup pas de héros à suivre ? 20TH CENTURY BOY LE FAIT.
Une histoire qui inclut tous ses écueils et qui arrive à être crédible, passionnante, et compréhensible, même en délaissant la lecture pendant quelques semaines ?
20TH CENTURY BOY LE FAIT.
Et Dieu sait que j'en suis retourné. J'en ai été retourné dès les premiers tomes. Les autres ont suivi. Et à chaque tome je me pinçais. Des fourmis dans les jambes, les boyaux qui se serrent à l'idée de lire une oeuvre tellement finie, tellement surprenante. Même au tome 17 je continuais à être surpris par les directions prises par Urasawa, à me relever de ma chaise en me disant "ce n'est pas possible, c'est complètement dingue, ce que je lis est fabuleux". A découvrir des cliffhangers à décrocher la mâchoire comme aux meilleures heures de Deathnote. Mon Dieu, mais ce mec est dingue. Ce mec a du tellement travailler son oeuvre en amont pour que chaque réaction des 40 protagonistes paraisse naturelle et entraîne des répercussions sur 15 tomes, répercussions qui feront avancer l'intrigue, entraîneront d'autres évolutions chez d'autres personnages, etc. Si vous avez un esprit assez cartésien pour être fasciné par ce genre d'histoire complètement ahurissante de "logique scientifique", ne perdez plus votre temps, et dégotez vous cette oeuvre qui m'a assommé de vertige. Vertige face à l'envergure que prenait cette simple histoire de gosses dans un terrain vague. Et puis tout dérape. La mort de l'un d'eux. Une parti politique. La fin du Monde. Le Pape. Le Bowling. Les Ovnis. La résurrection. Mais surtout, comme le penserait Kenji... Le Rock vaincra !!