On peut ne pas aimer l'album, mais quel fan de Michel Vaillant ou de sport auto osera dire que la couverture et le pitch n'envoient pas du rêve ?
Oui, cet album fait vivre le rêve d'un grand-prix de F1 dans les rues de Paris. Et là, pareil, autant, on peut critiquer beaucoup de choses dans les albums de Jean Graton (trop de texte, problème de réalisme, etc.) autant d'un point de vue technique, c'est toujours bétonné. Quitte à y aller plein pot pour envoyer du rêve, on a asphalté (j'imagine le délire) des portions entières de la ville qui ont des dalles, le circuit passe devant autant d'endroits prisés que possible, les stands sont sur les Champs-Élysées... bref on croît sans mal Graton quand il nous dit que le projet qui existait véritablement à l'époque était bien plus banal.
Double audace : Il y a en parralèle une intrigue assez originale pour Michel Vaillant. Françoise le soupçonne de revoir un amour de jeunesse. Ça change des méchants habituels ! C’est vrai que ça la fiche mal dans la BD du héros des jeunes Michel Vaillant. Il peut y avoir des méchants qui essaient de tuer en permanence, les dangers de la course qui ont défiguré un méchant de l’écurie Leader, mais qu’on le soupçonne de cocufier sa femme, ça la fout mal. Warson est certes moins lisse que Michel surtout sur ce point, mais il n’est pas marié, ça change tout. Du coup Michel est victime du syndrome Rocky, qui devient exagérément mauvais dès qu'il n'est plus soutenu par sa belle.
Une fois l’histoire expédiée, la course dans Paris est assez longue et plutôt belle : Parti loin sur la grille sur ce circuit où dépasser est assez dur, Michel va lutter autant que possible, mais trouve Prost en plus grand rival. L'un des deux recevra la coupe des mains de Jacques Chirac plutôt bien croqué, Alain Prost félicite Michel pour sa victoire. Le vrai Alain dira même que le regard de son fils Nicolas a changé quand il l’a vu dans la BD !
Sachant qu'il prend place à une époque où la F1 était très excitante, tout est réuni pour en faire un album délectable, et le seul reproche que pourraient faire les lecteurs selon moi sont les libertés prises avec la réalité. Seulement à ça j'ai envie de dire... on s'en fout, non ? Rêvez un peu.