J’ai découvert la série « Zizi, chauve-souris » par « L’atelier Mastodonte ». Apprendre que Lewis Trondheim, l’un de mes auteurs préférés, avait scénarisé une BD pour Guillaume Bianco, l’un de mes dessinateurs préférés, avait été un choc. L’ouvrage s’était révélé sympathique, mixant très bien les deux univers des auteurs : l’humour si reconnaissable du premier et l’ambiance « enfance et monstres » du deuxième. Le tout est paru chez Dupuis.
Suzie est une petite fille perturbée et perturbante. Mais depuis qu’elle a une chauve-souris dans les cheveux, ça n’arrange rien ! Après avoir affronté un monstre, elle a la capacité de se changer en adulte à la pleine Lune… Nous la retrouvons donc… en boîte de nuit ! Le tout se construit en strips de 4 cases qui construit peu à peu un univers… et une histoire ?
Si le premier tome était centré sur la découverte de la vie avec une chauve-souris et la recherche d’un monstre et de la manière de la vaincre, ce deuxième opus porte bien son nom tant il se disperse. Il manque ce fil rouge qui donnait un plus au premier tome. Alors certes, les personnages sont déjà bien présents (la mère, la chauve-souris, la prof d’arts martiaux…), mais sans « quête », les gags s’amoncellent sans forcément nous passionner.
Curieusement, dès ce deuxième livre, les auteurs semblent avoir tourné la page de ce qui faisait l’essence de la série : la quête des monstres, la vie parallèle la nuit de Suzie. Même sa chauve-souris devient un personnage « normal ». Ses interactions avec Suzie étaient bien plus riches auparavant. C’est assez flagrant avec l’histoire du petit copain de la maman qui n’a rien de bien fantastique. Vers la fin de l’ouvrage, on sent d’ailleurs une volonté de revenir vers le fantastique.
Malgré tout, les gags fonctionnent bien. On sourit régulièrement aux remarques de Suzie. L’humour de Trondheim et sa façon de gérer les strips n’est plus à prouver. Ils sont portés par le beau trait de Guillaume Bianco. Il adopte ici un trait proche de « Billy Brouillard », mais adouci par l’utilisation de l’aquarelle. En soit, le dessin de l’auteur est en soit une bonne raison de lire l’album. Il montre une belle maîtrise des couleurs. Les scènes de nuit sont particulièrement réussies.
Avis mitigé pour ce « Zizi, chauve-souris ». On a comme l’impression que les auteurs ont déjà fait le tour de leurs personnages après un seul tome. Les intrigues peinent à convaincre (les histoires de famille de la prof d’arts martiaux, le petit copain de la mère…) et il manque un fil rouge fantastique pour dynamiser l’ensemble. Reste un ouvrage sympathique. C’est déjà pas mal, non ?