Valérie Mangin s’est lancé dans un projet en trois tomes, « Abymes ». Le but est d’explorer le thème de la mise en abyme à partir de trois ouvrages dessinés par trois dessinateurs différents. Le premier s’intéresse à Balzac, le deuxième à Clouzot (qui réaliser un film sur Balzac) et le troisième à… Valérie Mangin (qui découvre le premier tome sur Balzac…). Le tout est publié chez Dupuis dans la collection Aire Libre.


Même s’il fait partie d’un triptyque, ce premier tome peut être lu indépendamment comme un one shot. Hélas, pour des questions de cohérence marketing, la couverture est assez laide, avec son fond vert pâlichon, bien loin des très belles couleurs que produit Griffo à l’intérieur… Mieux vaut feuilleter l’ouvrage pour se donner envie de le lire.


Le pitch est intriguant : alors que Balzac écrit « La peau de chagrin », voilà qu’un feuilleton paraît, relatant sa jeunesse. D’abord amusé (et content que cela lui apporte plus de notoriété), l’auteur va commencer à s’inquiéter à voir tant de détails précis apparaître, jusqu’à de noires révélations…


Sans surprise, on aborde la mise en abyme. On se laisse prendre par l’histoire, même si elle ne présente au final pas grand-chose de très original. Le mystère s’épaissit au fur et à mesure, jusqu’aux révélations finales, un poil décevante. Mais le scénario fonctionne et on lit avec plaisir la chute de l’écrivain. À voir si les tomes suivants apporteront une double lecture pertinente. Mais en tant que one shot, cela reste sympathique.


La bande-dessinée vaut surtout par le dessin superbe de Griffo. Ses personnages ont des bouilles des plus réussies, très expressives. Il retranscrit parfaitement l’époque également, avec les grands salons, les bas fonds de Paris… Le tout porté par des couleurs lumineuses qui apportent un vrai plus aux planches. Le découpage est efficace, même dans les planches peu évidentes. Car Balzac passe pas mal de temps à soliloquer dans cet ouvrage !


Une des réussites des auteurs dans cet abymes est de présenter de fausses gravures du journal. Celles-ci reprennent exactement d’autres cases de l’album, renforçant le malaise et l’impression fantastique de cette histoire. Si elles peuvent servir de flashbacks (donc de façon plus classique), elles sont parfois simplement intercalées, comme un clin d’œil au lecteur.


Cet « Abymes », première partie, est un ouvrage plutôt réussi. Si son scénario se révèle finalement assez classique, il est suffisamment bien mené pour nous emporter dans l’histoire. Porté par un dessinateur de talent, il fonctionne en tant que one-shot. Il faudra voir ensuite si les tomes suivants lui apportent une seconde lecture pertinente, ou pas.

belzaran
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le 21 mai 2016

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