Une de ses BD qui vous fait froid dans le dos, plus que ne le ferait sûrement tout autre support artistique pour évoquer la vie de cette journaliste dans la Russie de Poutine. Parce que le dessin a cette force de vous mettre face à une réalité proche et sordide. Parce qu'en un instant vous êtes plongé dans une époque, mais aussi au plus près du ressenti de la journaliste traquée, par les tchétchènes comme par les russes, remise en cause par le régime, mais aussi par son propre journal, et même ses proches, comme souvent lorsque l'on met sa vie danger pour raconter une histoire que personne ne veut entendre. Il faudra rester droite, jusqu'à ce que l'inévitable arrive.
Parce que la BD est courte, elle vous met comme une claque. On aurait sans doute pu dire beaucoup plus sur la vie de cette journaliste. Et l'on trouvera livres et documentaires pour l'expliquer.
Mais cette courte mise en scène a le privilège de vous prendre au dépourvu et de vous mettre face à une réalité que l'on a bon gré d'oublier : celle de la Russie de Poutine, ce même Poutine adulé par tant de personnes aujourd'hui, sans se soucier de l'envers du décor, qu'il soit implicite ou explicite, officiel ou officieux.
Un seul regret : le caractère un peu militant qui entoure la BD - les commentaires avant et après. Je reste toujours vigilante par rapport à ce type de discours.
Il n'empêche, sans forcément vous la procurer, il vous sera bien utile de lire cette bande dessinée.