Si White Knight était pour moi aux comics Batman ce que The Dark Knight était aux films, cette suite est également à mes yeux exactement ce qu'est aux films The Dark Knight rises. Un épisode potentiellement plus clivant (même si la moyenne me fait pour l'instant mentir), un peu moins marquant car souffrant (très) légèrement de la comparaison avec son prédécesseur, mais pourtant presque aussi génial.
Ce que je note avant tout, c'est combien Sean Murphy opère des choix narratifs radicaux, bien plus encore que dans White Knight. Même si l'opus précédent était plus marquant au vu de son ambition extraordinaire, de sa maîtrise totale du personnage de Jack Napier/Joker et de sa réunion inédite de méchants, celui-ci a l'avantage de pousser les personnages encore plus loin dans leurs retranchements et d'offrir une évolution, voire une conclusion, à certains d'entre eux inattendue et extrêmement brillante. Là-dessus, Murphy assume ses choix extrêmes, et que ça plaise ou non, on ne peut pas ne pas lui reconnaître une très grande audace.
Les personnages sont toujours très intelligemment menés, et même s'il est dommage que le Joker/Jack Napier ne soit plus qu'un personnage secondaire (il déclenche tout de même l'intrigue, certes), il bénéficie de certaines scènes où il conserve toute sa superbe, tandis qu'Harleen Quinzel connaît encore une très belle évolution. Peut-être l'évolution de Batman est-elle un peu moins captivante que dans White Knight, alors même que certaines révélations qui lui sont faites devraient nous secouer bien davantage, c'est du violent, là.
Le personnage d'Azraël, lui, est intéressant et apporte au récit un vrai souffle nouveau. Son rôle de nemesis du héros est très clair, et la confrontation entre les deux donne quelques échanges intéressants, même si là encore, on est évidemment un cran en-dessous celles avec le Joker. Mais j'aime beaucoup l'éclairage historique et un peu religieux que Sean Murphy amène à son récit par le biais d'Azraël. C'est vraiment intéressant de connaître l'histoire de Gotham, sa fondation, ainsi que les vérités et mensonges qui ont été propagées à son sujet.
Sur le plan graphique, c'est toujours aussi phénoménal. Sean Murphy a décidément une patte bien à lui qui possède une force que j'ai rarement vu à un degré aussi concentré dans n'importe quel autre comics, voire dans toute autre bande dessinée que j'aurais pu lire. C'est magnifique, très soigné et totalement envoûtant.
La mise en scène d'Azraël est particulièrement réussie, là-dessus, vraiment rien à redire !
Au passage, je suis un peu déçu que l'épisode Von Freeze se trouve intégré à cet épisode, où il est clairement hors de propos, et non à White Knight où il devait initialement figurer. Cela dit, il reste très intéressant, et vient renforcer la tonalité très sombre de l'ensemble.