Dans les méandres de la planète Corellia, où la population a été asservie aux ordres de l’Aube écarlate, organisation au service de l’Empire, un jeune homme, Han (Alden Ehrenreich) tente de s’évader avec l’amour de sa vie, la belle Qi’ra (Emilia Clarke). Mais en voulant s’enfuir, les deux amants sont séparés et seul Han parvient à s’échapper. Trois ans plus tard, il décide de participer à un dangereux vol qui lui rapportera l’argent nécessaire pour tirer enfin Qi’ra du bourbier où elle vit. Seulement, en trois ans, la situation a bien changé...
On finit par ne plus compter les films à la production chaotique. Parfois, cela donne le meilleur comme Rogue One : A Star Wars Story ou le pire comme Justice League. Avec Solo : A Star Wars Story, on lorgne plus du côté du film de Gareth Edwards, même si son niveau n’est pas atteint. Après le renvoi de ses premiers réalisateurs Phil Lord et Chris Miller, on avait craint que la nouvelle production Star Wars ne devienne un opus insipide et sans caractère (même si on n'a pas du tout l'assurance qu'il aurait été autre chose entre les mains de ses deux réalisateurs d'origine), mais c’était sans compter sur Ron Howard pour redresser la barre. On ne sait trop s’il a gardé quelque chose du travail de ses prédécesseurs ou s’il a tourné le produit fini entier, mais en tous cas, Solo témoigne d’une vraie unité de ton.
Même si un montage un peu flou tend à effacer le percutant de certaines scènes, le dynamisme de l’ensemble nous rappelle que l’on est bien dans un film Star Wars. Quoique l’on pense de la photographie de Bradford Young, à la fois grandiose (un impressionnant plan d’atterrissage du faucon Millenium) et obscure, elle donne au film une vraie personnalité. Celle-ci se retrouve notamment dans des scènes d’action d’une incroyable efficacité, à commencer par la déjà culte séquence de l’attaque du train, qui exploite l’espace avec un brio rare, la caméra se rapprochant au plus près des personnages pour nous plonger littéralement dans l'action.
En outre, contrairement à la rumeur lancée à l’intérieur même de LucasFilms, Alden Ehrenreich incarne à merveille notre aventurier spatial préféré, et sans faire oublier l’inégalable Harrison Ford, réussit à en donner une interprétation jeune tout-à-fait crédible, quoique parfois légèrement forcée. D’ailleurs, les personnages au complet bénéficient d’un casting parfait, où tous (à l’exception de la pauvre Thandie Newton, honteusement sous-exploitée) sont excellemment valorisés par un scénario qui donne à chacun son morceau de bravoure.
Plus mémorables que leurs aînés de Rogue One, tous les personnages de Solo sont bel et bien réfléchis dans leur écriture, ce qui permet de s’y attacher davantage, la romance Han Solo/Qi’ra fonctionnant plutôt bien. Dommage, toutefois,
qu’au lieu de sacrifier Qi’ra dans une scène potentiellement dramatique, le scénario préfère la conserver en vue d’une éventuelle suite (?), en faisant au passage le choix d’un caméo totalement incompréhensible pour qui n’a pas vu les séries de l’univers étendu Star Wars (c’est-à-dire une écrasante majorité du public).
Cela n’empêche en rien Solo d’être un divertissement tout ce qu’il y a de plus sympathique, léger et dépaysant (la part de voyage inhérente aux films labellisés Star Wars est totalement assurée), qui nous propose des scènes spectaculaires au rythme des notes de l’hallucinante musique de John Powell, peu avare en thèmes mémorables (même si le principal est signé John Williams), et dont chaque envolée brillante aux cuivres provoque un frisson de plaisir qui nous rappelle que, décidément, oui : Star Wars, c’est toujours de la bonne !