Sur la route
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Ce volume voit notre troupe d’aventuriers commencer son errance, passant des collines autour d’Atlanta aux environs d’une prison, et un personnage se prendre la première balle perdue de la série… Un peu boiteux dans sa construction – on gagnera sans doute à lire le volume 3 directement à la suite des vingt-deux premières pages du 2, ou les vingt-deux premières du 3 directement à la suite du 2 – l’album m’a paru moins efficacement rythmé que Passé décomposé ; tantôt l’intrigue accélère artificiellement, tantôt il y a un gros coup de mou. Il garde cependant pour lui quelque chose d’imprévisible, plus ou moins réussi. (Quand, à peine remis d’une opération chirurgicale qu’on qualifiera de rustique, un gamin répond « Génial. J’adore rencontrer des gens. » à son père qui lui apprend qu’il s’est fait tirer dessus, moi, à la réflexion, je trouve que l’imprévisible a du bon. Cela dit sans ironie. Une partie des autres éléments imprévisibles a aussi quelque chose de forcé.)
Pour le reste, le scénario de Cette vie derrière nous fixe définitivement l’enjeu qui marquera encore une vingtaine de tomes de Walking Dead : la survie en micro-société – ce que n’arrange pas la promiscuité à laquelle sont confrontés les personnages –, en laissant pour le moment au stade embryonnaire les questions de confiance, de pouvoir et d’alliances. L’émergence de tous ces problèmes – dans la partie « chez Hershel » – entretient la tension que la première manifestation d’envergure de la menace zombie a fait naître – dans la partie « Wiltshire ». Du coup, alors que Passé décomposé pouvait se lire comme un récit autonome, Cette vie derrière nous est clairement tourné vers Sains et Saufs ? – je veux dire thématiquement, pas seulement pour ses dernières cases. (La postface de Robert Kirkman va dans ce sens : « Attendez-vous à quelque chose de long et d’épique », p. 142.) Avec ce deuxième volume, il commence à y avoir dans Walking Dead quelque chose comme une quête.
L’autre grosse évolution par rapport au premier album tient au changement de dessinateur : aux visages déformés de Tony Moore succède le goût de Charlie Adlard pour le hors-champ et pour un clair-obscur intéressant. Entendons-nous bien : Charlie Adlard n’est pas Georges de La Tour ; mais, par instants, ses jeux d’ombre et de lumière donnent à l’album une identité visuelle qui manquait sans doute au premier volume, et permettent (par exemple aux pages 82-83 ou 133) d’échapper à un réalisme assez plat. (Le fait que les aventures se déroulent en hiver y est aussi pour quelque chose.) Quant au hors-champ, il n’est pas malvenu dans une intrigue d’où la paranoïa n’est pas absente – même si, là encore, le motif sera développé ensuite.
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Créée
le 15 oct. 2016
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