Plus ça va, plus je me dis que l'autobiographie en bande dessinée tiens plus du masochisme qu'autre chose et je salue à la fois le courage ou l'inconscience de ceux qui racontent leurs détails intimes quitte à se retrouver dans la merde. En quelques années, j'aurais lu :
- Une bd de David Chelsea où il détaille un par un toutes ses histoires sexuelles, tromperies honteuses inclus.
- Une bd de Crumb et de sa femme qui font collaborer leur fille, adolescente, dans le même album où une centaine de pages plus tôt ils racontaient leur vie sexuelle sado-maso.
- Et le champion du monde Joe Matt, qui nous raconte dans une bd qu'il traine avec un de ses fans qu'il trouve complètement con mais dont il espère se taper sa nana... avant de dessiner quelques temps après que le fan en question l'a mal pris et l'a insulté. (A quoi tu pensais mec ?)
Ça m'amuse tout comme ça me fascine ce genre de linge sale déballé au grand jour.
Autre cas, le québecois Pascal Girard dont j'ai pris la bd par hasard. Dans son récit Pascal raconte qu'il compte se rendre à une réunion d'ancien élèves en espérant retrouver Lucie, son amour de jeunesse et la draguer. Du coup, il perd du poids et on le voit plusieurs fois appeler Lucie en cachette de Julie, son actuelle copine, qu'il n'a pas invité à la réunion pour pouvoir cacher une potentielle liaison avec Lucie.
Or, en toute logique, Julie devrait le savoir en lisant cette bd, et son nom figure dans le remerciement au début de l'album. Après, il est évident que l'histoire doit comporter une certaine part de fiction (toutes les catastrophes qui lui arrivent dans la soirée sont quand même très "grosses") mais pour le coup, pourquoi inventer ce genre de détail ? D'autant plus qu'il sous-entend plusieurs fois dans les dessins qu'il se masturbe en matant les photos Facebook d'une ex-camarade de classe...
Et devinez quoi ? j'ai trouvé la bd qu'il a écrite ensuite (La collectionneuse) qui raconte... qu'il s'est fait largué par sa copine. Bravo Champion !
Il y a un je-ne-sais-quoi qui rend Pascal Girard dans cette bd, franchement détestable : il passe son temps à vouloir qu'on le remarque et ne regarde les gens qu'en fonction de savoir s'ils font partis du camp des gagnants ou des perdants. Là, où Joe Matt réussi à rester humain tout en nous montrant qu'il est un "pauvre type", Girard n'arrive pas à nous faire intéresser à lui et on a aucune compassion pour lui.
De plus, son trait sans être désagréable n'a rien d'exceptionnel et sa narration est relativement conventionnelle. Dommage il y a pourtant une thématique intéressante sur nos relations sociales et sur le fait que rencontrer des gens qu'on a connu des années auparavant nous ramène inconsciemment à reprendre les même tics ou à se retrouver à la même place sociale qu'à l'adolescence.
Pour le coup, après avoir lu cette bd, ça me donne envie de ramener ma copine d'urgence à ce mariage d'un ancien ami où on m'a invité.