C'est qu'il y aurait une analogie toute trouvée afin d'illustrer un parallèle entre les considérations éditoriales de Coq de Combat et le fond de sa trame. Comme Ryô, le manga aura tué ses géniteurs. Akio Tanaka (dessinateur) accusera Izô Hashimoto (écriture) de ne pas avoir écrit le scénario durant plusieurs années. La querelle donnera lieu à un procès remporté par Tanaka qui conclura le Seinen en solitaire. De cette séparation - la mort d'un couple sans qui Coq de Combat n'aurait été possible en premier lieu - leur création en pâtira, à l'image de Ryô qui, privé des parents qu'il a tué, amorcera une descente aux enfers au milieu desquels il se démènera comme un beau diable jusqu'au bout.


En dépit du registre infernal omniprésent jusque dans la symbolique la plus élémentaire, n'attendez rien qui ne soit ardent et frénétique. Ne se bornant pas simplement aux aléas sordides de sa trame, Coq de Combat se veut avant tout une introspection dans le milieu du Karaté. D'aucuns vont même jusqu'à y voir une œuvre sociale dénonçant quelques travers institutionnels au Japon (prison, médias, nihilisme) mais je doute que les auteurs aient eu cette prétention à un quelconque instant donné. Chaque aléa entourant le protagoniste sert le propos dudit protagoniste et non pas celui de la trame. Le manga recouvre la vie de Ryô Narushima et du milieu dans lequel il évolue ; rien de plus. Mais puisque c'est paraît-il à la mode de voir du social partout dans le domaine artistique et plus spécialement encore, là où il n'y en a pas, je ne m'étonne pas que Coq de Combat soit parfois présenté ainsi par des individus manquant d'imagination ou en ayant au contraire trop.
Ce besoin compulsif d'intellectualiser l'art - car il est vraiment ici question d'art - ne cessera jamais de me faire rouler les yeux jusqu'à manquer de les faire sortir de leurs orbites.


Ce n'est pas faire preuve d'abus que de parler d'art avec un «A» majuscule. Les innombrables plans contemplatifs sans dialogue pour briser la quiétude de l'instant, le soin apporté au dessin des corps, la lenteur et la pesanteur dans l'expression des gymnastiques, les auteurs ont purement et simplement réinventé la dynamique du combat physique dans un manga. Aucun enchevêtrement frénétique et agité de coups dévastateurs : on prend le temps de bien faire, chaque manœuvre dans l'affrontement étant pesée et sous pesée par l'agencement du dessin. Une valeur ajoutée considérable pour le manga, chaque coup porté se concrétisant comme une claque dans la gueule pour le lecteur. Rarement l'attention aura été autant portée sur la mise en scène scrupuleuse de combats dans un manga. Il y a dans ce procédé un génie qui permet de révéler le captivant dans l'anodin, le moindre affrontement étant un régal pour les yeux et pour l'esprit.
Une grâce exquise et délicate trempée dans la sauvagerie de l'instant, voilà ce que m'évoque la méthode Hashimoto-Tanaka. Une lecture incontournable pour tous ceux qui ont des leçons à recevoir - et ils sont nombreux - en matière de dessin de prouesses martiales. Aucune description ne saurait resituer la portée d'un coup de crayon si précis allié à l'acuité d'une orchestration sur planche jusqu'à ce jour inégalée. Osons le terme même s'il est galvaudé, car je sais que je ne l'emploierai pas souvent dans mes prochaines critiques : un pur chef-d'œuvre esthétique.


Loin de s'arrêter à l'harmonie des corps dans la confrontation martiale, le carcan qui enserre et étrangle ce milieu du Karaté se veut plus insoutenable encore que la violence ressentie par les coups portés. De l'enfer du milieu carcéral juvénile virant au Dernier Tango à Paris sans beurre aux plus sordides crapuleries du crime organisé, Ryô Narushima se tannera le cuir au burin, évoluant progressivement du statut de créature frêle et inoffensive à celui de prédateur à abattre.
Car, de prime abord, le propos premier de Coq de Combat ne semblait pas être le Karaté dont les considérations inhérentes ne seront présentées qu'après un certain nombre de chapitres.
L'occasion d'observer l'entraînement rigoureux et graduel d'un parfait néophyte en la matière qui, passé entre les griffes du diable Kenji Kurokawa, s'immergera lentement dans les enfers dont il deviendra le maître à force d'efforts répétés.
Le scénario s'avère bien plus qu'un bête prétexte à mettre en œuvre du Karaté et des arts martiaux. Le drame y est réel, jamais surjoué et si banal au fil des chapitres qu'on se surprend à s'y accoutumer. À suivre les péripéties de la créature du diable, on en vient à épouser son mode de vie. Tout ou presque chez Ryô devrait inspirer le dégoût et la haine ; et pourtant, on se surprend à prendre fait et cause pour sa quête et ses lubies. Attirer l'empathie vers ce qu'il y a de plus immoral chez l'homme (parricide, violeur, impie, sans reproche ni regret) requiert déjà un certain talent d'écriture. Le nom d'Izô Hashimoto ne peut clairement pas être dénoué d'une œuvre qu'il a largement contribué à porter au sommet. Cela, nous en aurons hélas la preuve et en ferons l'amer expérience.


Mais tout aussi insoutenable peut-être le contexte dans lequel évolue Ryô, semant derrière lui chaos et désolation, la violence se veut parfaitement pondérée et appropriée. Du sang, il y en aura, évidemment, mais de toutes les atrocités graphiques éventuelles que les auteurs auraient pu dévoiler crûment sans le moindre effort de mise en scène, ces derniers prirent souvent parti de la divulgation suggestive. Loin de s'apparenter à une forme d'auto-censure, le procédé se veut en un sens plus violent encore pour le lecteur. Ne pas montrer, c'est forcer à deviner. L'imagination peut souvent aller plus loin que la plume la plus affûtée qui soit pour le dessin. L'induit suffit, le déballage impudique en comparaison se veut excessif, donc, insignifiant.


À titre d'exemple, il convient de confronter Coq de Combat et Berserk dans le choix de mise en scène d'un viol, acte d'une brutalité insigne confinant à l'horreur. Là où Miura choisit de démontrer ostensiblement l'acte sur des pages entières, Hashimoto et Tanaka œuvrent avec réserve et minutie. Pas de plan outrecuidant, quelques indices allusifs suffisent et se veulent tout aussi impactant. La méthode me ravit. L'abomination subsiste et ce, quel que soit le moyen employé pour le présenter. Le viol a eu lieu, mais il n'aura pas été traité de manière immature et bestiale comme un coït brutal sans conséquence chez d'autres.
Et cela se veut un exemple parmi d'autres du traitement de la violence.


Car si la violence et la brutalité absolue sont au cœur de Coq de Combat, la virtuosité et la mesure avec laquelle elles sont orchestrées virent parfois à la délicatesse au point de dérouter le lecteur en proie à des signaux contradictoires. Jamais la sauvagerie - pourtant omniprésente - ne sera banalisée. Non, génie n'est décidément pas un vain mot pour qualifier les procédés employés pour l'agencement de ce Seinen délectable.


À trop encenser Hashimoto (aussi connu pour avoir scénarisé avec Katsuhiro Otomo l'adaptation d'Akira au cinéma, attestant déjà de son talent certain à mettre en scène des projets artistiques considérables), on en viendrait à oublier Tanaka. Si une comparaison était permise, le scénariste est le bretteur là où le dessinateur est l'épée. Même le plus formidable des épéiste ne saurait trancher quoi que ce soit avec une lame émoussée. Tanaka est une pièce rare et précieuse, un sabre si affûté qu'il pourrait trancher le diamant. Un style graphique lui étant réellement propre, un soin particulier apporté aux contours des musculatures et des corps : le dessinateur rêvé pour un manga tel que celui-ci. Coq de Combat n'aurait jamais pu être ce qu'il a été sans le duo Hashimoto-Tanaka, aucun ne pouvant se substituer à l'un d'entre eux sans risquer de ternir jusqu'à l'âme de l'œuvre qui est - à bien y réfléchir - une des pièces maîtresses dans le domaine des mangas sur les arts martiaux. Si ce n'est Vagabond, je ne lui vois aucun rival en la matière.


Délinquant immoral détruisant tout ce qu'il touche, la révérence de Ryô pour le Karaté et son sens de la discipline contraste sauvagement avec son être chaotique. Les considérations relatives à l'assiduité et l'acharnement dans la pratique ne manqueront pas d'être rapportées. Sans parler du risque de régression en cas de relâchement, trop rarement abordé dans les mangas de sport et pourtant crucial. La vie d'un athlète est un parcours ininterrompu et impitoyable, pareil à un requin qui, s'il s'arrête de nager, meurt. Et la mort de son talent plus que de celui de sa chair, Ryô la frôlera à diverses reprises.


En parallèle de sa vie criminelle, Ryô se fascinera pour Sugawara, champion de Karaté et combattant poids lourd dans ce qui s'apparente à un prémisse du MMA en la matière du Lethal Fight. Obsédé par ce combattant ultime, Ryô fera tout pour affronter ce géant qui, si haut perché, n'arrive même pas à voir ou même considérer l'insignifiant Narushima.
Entraînements à la clé, tout est bon pour parvenir à ses fins. La grenouille veut se faire plus grosse que le bœuf, Ryô gravira alors marche après marche les escaliers tortueux le menant à son obsession. Tous les coups seront permis. Manœuvres détournées pour remporter un tournoi de Karaté grâce à ses alliés criminels, consommation de stéroïdes et même l'irréparable. Si ce manga m'a appris une chose, c'est que la fin justifie réellement les moyens mais que les moyens s'obtiennent quasi systématiquement en contrepartie de son âme et son intégrité. Dans Coq de Combat, la morale fait encore plus mal que les coups.


Dans sa quête, Ryô sera accompagné de professionnels des médias chargés de le faire gonfler à la seule fin de créer un narratif spectaculaire du combat entre le bien et le mal dans le cadre du Lethal Fight, poussant Narushima dans les jambes de Sugawara. En conviant Ryô - créature façonnée par le diable - à la lumière des projecteurs obscènes du monde du spectacle, les inconscients médiatiques feront alors entrer le loup dans la bergerie. Cette fascination macabre aura raison d'eux ; à vouloir domestiquer un démon, on a vite-fait de sentir les flammes nous pourlécher la plante des pieds.


Thématique supplémentaire, l'origine et la finalité d'un art martial. Deux doctrines s'opposent, celle de l'école Banryuukai officielle pour qui leur Karaté est un art codifié, acceptant qu'il se compromette au service du spectacle et, face à eux l'orthodoxie de Kurokawa (ainsi que celle des Dogis noirs), n'acceptant le Karaté que pour ce qu'il était à ses origines : un moyen de vaincre même s'il implique les coups bas et de devoir tuer. Le combat Sugawara-Narushima se décomposera en deux parties, respectant d'abord les préceptes de la première doctrine puis les lois de la seconde dans ce qui se concrétisera par un des meilleurs affrontements mangas toutes catégories confondues qu'il m'aura été permis de lire. Un monument du monde du Seinen incontournable et époustouflant qui se vit plus qu'il ne peut se décrire.


Après l'apogée ne peut survenir que le déclin. Les tomes quatorze, quinze et seize donneront lieu à une trame irréelle ne paraissant avoir aucun rapport avec Coq de Combat si ce n'est la présence de son personnage principal, ce dernier n'étant plus fidèle à ce qu'il fut. Plus effacé, passif même, moins bestial il perd en relief le temps de trois volumes décevants sous toutes les coutures.


Il est question d'un disciple d'une école chinoise de Kung Fu ayant trahi son maître (un vénérable très sage évidemment). Narushima sera choisi pour le combattre et venger ledit maître. Nous aurons droit à tout en terme de clichés. Aux entraînements improbables à se tenir debout sur un roseau en pleine rivière, aux coups de poings arrêtés par un doigt... il sera même question de Ki ! Un désastre sans nom.


Heureusement, cette trace de merde (il faut dire ce qui est) sera vite effacée du tableau et, les trois tomes passés, il ne sera plus jamais fait mention de cette parenthèse honteuse, transition malheureuse entre deux arcs grandioses. Ne vous arrêtez pas aux critiques vous soutenant que Coq de Combat n'a plus aucun intérêt à compter du tome treize. L'arc de Tôma et des Dogis noirs est une pépite inattendue et inespérée. À l'exception du combat final, il surclasse l'arc Sugawara sur tous les plans.


La grâce et l'harmonie sont de retour et vous étouffent de leur superbe. Un danseur de ballet de renommée internationale, fasciné par Ryô comme ce dernier l'avait été par Sugawara, décide d'abandonner sa carrière du jour au lendemain pour se consacrer aux arts martiaux. Nous suivrons alors son cheminement, l'occasion pour nous de repartir de zéro, de débuter à nouveau avec un néophyte du monde des arts martiaux ; Tôma sera pour nous le nouveau protagoniste un temps donné, de quoi accentuer - par contraste - l'aspect maléfique de Narushima que l'on suit de trop près et depuis trop longtemps pour être objectif à son sujet.
Je me permets alors de douter du fait qu'Hashimoto n'ait joué aucun rôle dans l'écriture de cet arc comme l'aurait prétendu Tanaka. Jamais autant de précautions n'auront été apportées à la mise en scène et aux présentations de personnages en particulier. La fraîcheur et la pureté de Tôma sont formidablement bien retranscrites sans jamais paraître forcées. Cette figure angélique (la symbolique de l'ange et du démon se voudra considérablement renforcée au cours de l'arc) irradie d'une douceur chatoyante qui ne manque pas de séduire tous et toutes, lecteur y compris.
Il est l'antithèse de Ryô Narushima, son contre-poison naturel et Kurokawa ne s'y trompera pas. Lui aussi séduit, il s'en remettra à cet ange purificateur pour détruire le démon qu'il avait créé de ses mains.


Les considérations entourant le combat réunies, il sera alors question de cinq affrontements au sommet, l'honneur de l'école Banryuukai reposant alors sur Ryô, celui-là même qui a toujours contribué à la ternir. Et c'est là où nous assisterons à un cas d'école en matière d'introduction et de gestion de personnages secondaires, jusque là plutôt en retrait au profit du personnage principal.
Les Dogis Noirs. Jamais aucun manga n'aura su présenter des antagonistes et les pourvoir d'une aura aussi dense et palpable. Un bijou de mise en scène dans le monde du manga. La subtilité allié au caractère allusif et discret par lequel ils seront présentés force déjà le respect. Le caractère menaçant qu'ils incarnent pleinement n'en est que plus considérablement accentué. Maléfiques. Sans jamais que l'on voit leur visage avant leur arrivée sur le ring, ils sont tous les quatre une menace dans la brume n'attendant qu'à frapper à l'instant propice. Des fléaux sans autres aspirations que celles consistant à répandre leurs afflictions.
Comment des personnages ayant eu si peu d'exposition et - pour la plupart - si peu de dialogues peuvent laisser une empreinte aussi significative sur l'esprit du lecteur ébahi que j'étais ? À montrer en exemple à tout mangaka ou même rédacteur de fiction soucieux de créer des antagonistes réellement effrayants. Pas de rire démoniaque, pas de conception graphique excessivement chargée, pas d'artifices pour les rendre terrifiants. Ce ne sont que des humains, quatre hommes d'âge mûr apparemment anodins et pourtant invincibles à leur manière. Des menaces glaciales qui, une fois ayant œuvré, quittent le ring sans un bruit pour s'en retourner à l'enfer dont on jurerait qu'ils se seraient échappés pour le temps d'un combat. Le registre démoniaque entourant Ryô, Kurokawa et les Dogis Noirs n'est pas une facilité scénaristique visant à les pourvoir d'une dimension maléfique, mais pour eux, un habit cousu sur mesure.


Ce sera sur cette dernière note positive - et pas des moindre - que l'on appréciera Coq de Combat pour ce qu'il est et a toujours été, un conte dramatique et maléfique où se greffe la suavité d'affrontements mêlant harmonieusement brutalité et légèreté. Car l'enfer, pour ce qui suit, ne sera plus l'affaire de Ryô mais des lecteurs. Suite au combat du dernier Dogi Noir, une pause de plusieurs années relative au contentieux juridique ayant opposé les auteurs nous délivrera à terme la preuve par quatre qu'aucun de Tanaka ou Hashimoto n'était substituable ou dispensable à la poursuite du récit.
Bien que Akio Tanaka, pourtant le dessinateur, sera celui qui reprendra le manga en solitaire, la qualité des dessins variera soudainement à la reprise. C'est bien simple, les visages seront alors méconnaissables, plus brouillons, plus carrés. De la belle figure angélique de Tôma, nous hériterons d'un visage bouffi et buriné dont la beauté est absolument absente. Cela vaudra pour tous les personnages du manga, Ryô compris. Même les corps dessinés perdront de leur superbe. Tout ce qui avait fait les lettres de noblesse du manga s'effilera à peau de chagrin.


La déliquescence ne s'arrêtera hélas pas au dessin. L'affrontement final au sommet qui aurait pu, du temps de Hashimoto, renouveler la prouesse du combat contre Sugawara s'avère n'être plus qu'une lamentable foirade. C'en est fini de prendre le temps de montrer chaque coup, de laisse place à la pesanteur, la minutie ; place aux déferlements de coups successifs sourds et sans grâce. Bref, du Hajime no Ippo au rabais. On tombe de très haut.


Conclusion décevante du combat mais satisfaisante de l'arc avec son lot de poésie - les derniers éléments en stock - et nous enchaînons sur un arc de conclusion malvenu. Loin pour autant d'égaler les chutes brutales de qualité de certains Shônens sur la fin, Coq de Combat n'a plus grand rapport avec ce qu'il était. Les deux antagonistes sont cartoonesques, les combats trop brouillons, seule l'allégorie de l'histoire de l'Ogre et Tsukuyo contribue à sauver les meubles dans la mesure du possible. La fin n'a rien de scandaleuse mais tous, savons qu'elle aurait été somptueuse sous la plume d'Hashimoto. Une coopération ininterrompue entre les deux auteurs aurait probablement transformé ce huit que j'attribue en un dix amplement mérité. Il est des divorces désastreux et ce sont toujours les enfants qui trinquent.
Enfant prodige, malgré la séparation de ses concepteurs, Coq de Combat le reste. Figurent toutefois des traces de perturbations occasionnées par la rupture. Le gâchis se veut bien plus modéré que mon amertume le laisse entendre, mais à la mesure d'une minuscule trace de doigt sur une toile de maître, il est impardonnable.

Josselin-B
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le 18 mars 2020

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Josselin Bigaut

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