Couleur de peau : Miel, tome 1 par Underwriter
En plein débat sur l'identité nationale ( sombre connerie à mon humble avis soit dit en passant... ), quoi de mieux que de se pencher sur le cas de l'adoption ? Car oui, au nombre de ces personnes déchirées et blessées par ce genre de débats fumeux, se trouvent un nombre conséquents d'enfants adoptés, « d'origine étrangère » comme on dit si bien, et dont une de mes amies fait partie. Vous pouvez retrouver d'ailleurs un de ses articles à ce sujet juste ici. Et « Couleur de peau : miel », traite justement de ce sujet : ressentit et réflexions d'un enfant abandonné, adopté et déraciné...
L'histoire :
Jung a été abandonné très tôt dans les rues de Séoul, capitale de la Corée du Sud alors qu'il avait à peine cinq ans, se nourrissant de tout ce qu'il pouvait trouver dans les poubelles et vivant au jour le jour, jusqu'à ce qu'il rencontre un policier qui lui sauva la vie en l'emmenant dans un orphelinat américain du nom de Holt, sa fondatrice. Là, il va faire la rencontre d'autres orphelins avec qui il va se lier d'amitié, jusqu'à son adoption par un couple de Belges. Désormais, il va avoir une vraie famille, avec de nombreux frères et sœurs parmi lesquels la vie s'écoule « paisiblement ». Mais le plus dur reste désormais à faire pour le jeune Jung : se construire une identité, avec ses nombreux questionnements, souvent sans réponses..
En Gros :
Jung, l'auteur de « Kwaïdan » ( Editions Delcourt ), nous livre sans concessions et sans pudeur le récit d'une jeunesse tumultueuse et douloureuse, narrant avec émotion les moments les plus marquants de sa vie par le biais d'un dessin rond et presque enfantin, tranchant d'avec son style habituellement plus réaliste et « sérieux ». Son propos, souvent sombre et lourd, est cependant traité avec des pointes d'humour désamorçant les moments les plus difficiles. On dit bien que le rire est une thérapie, et au long des trois tomes que constitue la saga ( dont deux sont sortis pour l'instant, et un film est en préparation pour 2011. Rendez-vous là ), Jung n'hésite pas à se moquer de lui-même et de ses propres réflexions.
Car il y a un vrai mal-être, que le lecteur ressent très bien : qui est-on quand on est d'origine Coréenne, que l'on se fait traiter de « chinetoque », alors que nos parents adoptifs sont Belges et que l'on parle Français ? Si le regard des autres est lourd de conséquences quand à la faculté de s'accepter pour permettre de comprendre qui l'on est réellement, on ne peut que rejeter le concept « d'identité nationale », quelle qu'elle soit, car au final, la seule chose qui compte, c'est l'humain qui vit et souffre de ces réflexions.
« Couleur de peau : miel » est un livre d'une réelle sensibilité et sais être léger quand il faut, malgré un thème difficile. Jung réussit l'exercice avec brio, et l'on attend avec impatience la conclusion de son récit, avec en point d'orgue le long métrage. Mais c'est une autre très belle histoire que nous aborderons en temps et en heure...