Crimechien par aaapoumbapoum
Puisque « L’existence sociale détermine la conscience » selon Marx, tout s’explique dans les tableaux - de prime abord impénétrables - de Blexbolex. Son graphisme enluminé et tortueux découle de son passé de sérigraphe professionnel. A partir de ce procédé d’impression qui demande de superposer dans un ordre savamment choisi les couleurs l’une après l’autre, Blexbolex a développé une manière unique d’appréhender le dessin. Une démarche presque plus proche du sculpteur que du dessinateur.
Cas rare si ce n’est unique, cet artiste ne recourt pas au cerné pour délimiter ses formes avant de les remplir. Il part d’une masse de couleur qu’il rabote, malaxe, étire ou élargit, jusqu’à trouver la silhouette idoine. Il l’enchevêtre ensuite à une autre, puis encore une autre, par empilement.
Autant dire que cet entendement unique engendre des tableaux aussi étranges qu’hypnotiques. Examiner CrimeCHien (un portfolio réédité sous forme de livre) et Hors-zone, deux projets qui se suivent à quelques années d’intervalle, permet de mesurer immédiatement les voies explorées dans son travail. Son imagier psychédélique voire psychanalytique répond à la perfections aux intrigues de détective privé qu’il raconte. De sombres affaires se déroulant dans une société futuriste, empreintes d’une novlangue dickienne et de symbolisme hergéen. Aussi originaux dans leur processus de création et que leur forme finale, les livres de Blexbolex se distinguent par leur beauté, mais également car ils laissent le sentiment d’être des fenêtres grandes ouvertes sur le cerveau de leur créateur. Le lieu où obsessions cauchemardesques et moyens d’expressions réfléchissent à leur projet de mariage.
S; Bapoum pour les Inrockuptibles