Riad tue le père !
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Quand une bande dessinée anthropomorphe montre le bout de son museau, je suis toujours intéressé. « Curtiss Hill » a eu des critiques élogieuses avec son petit monde animalier qui fait des courses de voiture. Il faut dire que cet ouvrage sort dans la collection « Calandre » chez Paquet, spécialisé dans les belles (et vieilles ?) voitures. Nous voilà donc lancé en début du 20ème siècle dans des bolides roulant à tombeau ouvert. Le tout pèse 80 pages.
Curtiss Hill est une star de l’automobile. Playboy richissime, il remporte toutes les victoires, bien aidé par Dino, son mécanicien de génie. De l’autre côté, Rowlf ronge son frein, n’arrivant que deuxième. Pourtant, ce Poulidor de l’automobile n’hésite pas à utiliser des coups bas pour gagner, quitte à mettre les autres pilotes en danger. Tout va basculer quand Dino part pour la Kalkanie faire la guerre…
L’ouvrage nous présente les deux automobilistes comme deux opposés. Curtiss, le héros vainqueur, Rowlf le méchant challenger mauvais perdant. Une journaliste va s’intéresser à leur cas et s’apercevoir que la réalité n’est pas si simple… Car si l’histoire reste une histoire de bagnoles et de rivalité, le fond de la guerre en Kalkanie a son importance. En effet, des exactions sont faites sur les chats là-bas. Nos pilotes étant des chiens, il leur est demandé de plus en plus de prendre parti. Il y a comme un parfum des années 30 qui plane sur l’ouvrage.
Le livre se lit avec plaisir. À force de flashbacks, l’histoire gagne en épaisseur, même s’il se révèle rarement subtil dans ses traitements. C’est surtout la fin qui déçoit. L’ouvrage se termine sans vraiment répondre aux questions. On a l’impression de la fin d’un tome 1 à qui il manquerait une suite. Quel dommage de laisser le lecteur sur cette impression d’inachevé !
Au niveau du dessin, le choix de ton gris/sépia dans la colorisation est parfaitement adapté, de même qu’un style animalier proche des débuts de Disney. Cela nous replonge dans l’époque dont l’auteur s’inspire. Son dessin est réussi, dynamique et son côté vieillot est ici plus une force qu’une faiblesse. Une jolie découverte.
Avec une histoire qui ne trouve pas vraiment de fin, « Curtiss Hill » déçoit. C’est bien dommage car l’ouvrage est plaisant à lire, avec une narration soignée. C’est comme si l’auteur avait été contraint d’un coup par sa pagination et n’avait pas pu (ou voulu ?) aller plus loin. Reste un sentiment mitigé.
Créée
le 15 juil. 2021
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