La couverture de « Cyclone » m’a attiré l’œil en librairie. Reprenant une scène de l’album, le traitement graphique m’a titillé la rétine. Il m’a suffi de feuilleter l’ouvrage pour passer à l’achat, surtout que j’en avais lu une critique élogieuse quelques jours auparavant. Ce roman graphique de 120 pages est l’œuvre de Clément Baloup et Marion Mousse. Ne connaissant ni l’un, ni l’autre, c’était l’occasion de les découvrir. Le tout est publié chez Sarbacane.
Margot, à son entrée en terminale, a changé. Elle est devenue désirable. Son nouveau statut n’est pas facile à assumer. Entre les garçons qui lui tournent autour et les filles qui la jalousent, Margot perd pied. Voilà qu’elle cherche son professeur de philosophie, Maréchal, un écrivain qui n’écrit plus et dont le couple ne ressemble plus à rien. Au risque de s’y brûler ?
« Cyclone » est un livre sur l’adolescence et la découverte du désir avec toutes les complications que cela comporte. Les auteurs créent une sorte de huis clos où la composante insulaire de l’histoire forme, avec le lycée, un espace confiné dont il est difficile de s’extraire. Cette sensation d’étouffement, que Margot subit, est bien retranscrite. Le personnage est très réussi, à la fois envoûtante, attachante, un peu perdue… C’est certainement le point fort de ce bouquin, le scénario fait une grande place aux non-dits et aux ellipses. À vous de faire travailler vos méninges pour reconstituer l’ensemble. Ce sera donc aussi son point faible. On peut lire le livre et le trouver par trop expéditif ou léger dans son traitement.
La galerie des personnages est plutôt réussie. Il y a Margot bien sûr, mais son professeur raté, le lycéen immigré, le redoublant rigolo, la copine accros aux réseaux sociaux… Les liens compliqués entre les personnages adolescents fonctionnent très bien, entre attraction et répulsion, désir et jalousie.
« Cyclone » est porté par un dessin particulier, notamment par son traitement des couleurs. Pour ma part, il m’a séduit et participe pleinement au plaisir de lecture. Beaucoup de cases muettes, d’ellipses… Tout passe souvent par le regard envoûtant de Margot. En cela, le rapport texte/image fonctionne très bien, il y a une belle osmose entre les deux.
Alors certes, « Cyclone » ne propose pas un scénario qui révolutionnera la bande-dessinée ou vous subjuguera. Mais la justesse des personnages, leurs comportements parfois surprenants fait tout l’intérêt de l’ouvrage. Et derrière une forme de légèreté que l’on peut ressentir en première lecture, les suivantes ajoutent du poids à l’ensemble. Un bel ouvrage, plein de sensibilité.