Demon Slave
5.3
Demon Slave

Manga de Takahiro et Yohei Takemura (2018)

Je finis esclave d'une inconnue : ça tourne mal

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog.


L'avis se base sur les trois premiers tomes sortis en France.


Si Demon Slave signe les débuts de Takemura Yôhei, ce n’est pas le cas de Takahiro qui a déjà scénarisé d’autres titres comme Red eyes sword – Akame ga Kill !, Blue Eyes Sword et Release the Spyce.


Demon Slave présente une alternative à notre monde contemporain où existe Mato, une cité issue d’une dimension démoniaque. En ces contrées pousse une pêche accordant des super-pouvoirs aux femmes qui la mangent. Certaines d’entre elles deviennent membres des escadrons anti-démons afin de protéger les humains des démons peuplant Mato. Se retrouvant dans cette dimension par manque de chance, et acculé par une horde de monstres, Yuki Watura est sauvé de justesse par une jeune femme. Celle-ci va user du pouvoir qui lui a accordé la pêche pour transformer notre héros en créature surpuissante afin de l’extirper du danger. Mais l’activation de ce pouvoir a un prix : il doit devenir son esclave.



Démon du matin : chagrin, démon du soir…



Avec l’apparition de Mato et, surtout, des pêches, l’égalité hommes-femmes a été complètement ébranlée. Le fruit accordant son bienfait qu’à la gente féminine, ces dernières sont désormais considérée comme supérieures aux hommes et se voient accorder des projets de vie bien plus attractifs, là où les hommes sont voués à un train-train quotidien somme tout moyen. J’avais quelques anticipations au début, craignant de tomber dans un simple rapport de force inversé avec un concept de domination malaisant. On se retrouve plus dans un miroir inversé de notre société avec la justification des pêches pour expliquer ce changement. Ainsi Yuki Watura sait s’occuper des tâches ménagères car sa sœur l’a poussé à s’y mettre puisque, étant homme, il se doit d’apprendre et faire plus d’efforts. On est loin de tomber dans le cliché de l’homme devenu esclave et le ton est ainsi plus subtil que ce qu’on pourrait croire sur ce point.


Yuki Watura se plaint d’ailleurs de cette situation qu’il juge injuste. Proche de finir le lycée, il devra chercher un travail ce qui ne semble pas être le cas pour les femmes. Mais bien évidemment (un grand classique de l’évènement impromptu qui arrive comme par hasard) une porte menant à Mato va envoyer Yuki dans cette dimension où les démons pullulent. C’est aussi là qu’officient les escadrons antidémons, menés par des femmes dont chaque groupe s’occupe d’une zone de Mato pour éviter toute sortie des démons chez les humains.


C’est à ce moment-là que la route de Yuki croise celle de Kyoka Usen qui arrive en chevauchant un démon, donnant déjà là un premier indice sur la signification du titre du manga. Kyoka peut réduire un démon à l’état d’esclave mais l’effet ne dure jamais très longtemps (ce qui va, évidemment, se produire en tentant de sauver Yuki). Il ne lui reste alors plus qu’une option pour qu’ils s’en sortent tous les deux : faire de Yuki son Demon Slave ce qui a, pour effet, de transformer le garçon en un démon dont la puissance étonne même Kyoka.


Mais si c’était aussi simple, ça n’aurait aucun intérêt, n’est-ce pas ? Le pouvoir de la pêche de Kyoka réclame une contrepartie. En tant que maîtresse, elle doit le récompenser à la hauteur des efforts fournis. C’est là où le fan-service du titre va se concentrer. Lorsqu’elle réduisait un démon à l’état d’esclave, celui-ci ne réclamait que de la viande pour assouvir un besoin primaire. Yuki étant un adolescent plein d’hormones (et de fantasmes), les récompenses vont chercher dans un tout autre registre ou être mal interprétés par le pouvoir de Kyoka. Le pouvoir va chercher dans les envies informulées de l’esclave sans lui demander concrètement ce qu’il souhaite. Ainsi, Yuki voudra après un combat se rafraichir. Kyoka va alors ôter le haut et lui laver le dos. Kyoka n’étant plus maître de son corps lorsqu’elle doit offrir la récompense, cela amène à des quiproquos à la fois drôles et, avouons-le, jouant sur la corde du sensuel et du sexy. Le trait de Takemura n’hésite pas à dessiner des corps en chair, des seins avec tétons (pas de censure) et des baisers langoureux.


Suite à cette mésaventure, Yuki est enrôlé de force au sein de l’escadron de Kyoka en tant que concierge. C’est l’occasion de découvrir les autres membres de l’escadron. Chacune des protagonistes possède son caractère et sa personnalité qui la différencie des autres. On a ainsi une fille pouvant devenir une géante, une gamine de onze ans servant de support grâce à sa vision qui lui permet de visualiser les ennemis aux alentours et la dernière qui copie les pouvoirs des autres selon son affinité avec eux. L’accueil de Yuki sera plus ou moins mitigé au vu qu’il est un homme.


Loin de tomber dans les poncifs d’un Love Hina, Demon Slave propose, pour chaque personnage, des scènes-clés qui vont aussi bien permettre au lecteur de mieux découvrir l’escadron qu’aider à l’intégration de Yuki. Sans compter que ce dernier a aussi sa propre mission : découvrir ce qui est arrivé à sa sœur, disparu un beau jour à Mato. L’avancée de l’intrigue permet d’introduire d’autres personnages aussi bien des antagonistes liés aux démons, mais aussi d’autres escadrons.



Le fan-service au service de l’intrigue



Demon Slave possède du fan service : ce serait hypocrite de l’ignorer. Les scènes sont utiles au récit et ne sont pas placés là seulement pour attirer le chaland, voire étouffer le scénario sous une avalanche de scènes sans aucun intérêt. Comme me l’a fait remarquer So-chan, Nei la benjamine n’est jamais impliquée dans aucune scène fan-service. Sa relation avec Yuki se base sur le classique grand frère – petite sœur du côté de Yuki, alors que Nei tâche de ménager le garçon tout en lui rappelant qu’elle est sa supérieure. Une tendance qui, j’espère, continuera car sinon cela pourrait devenir fort malaisant.


Takemura s’en sort très bien pour son premier manga. Chacun des personnages a un chara-design bien à lui et, surtout, les personnages féminins ont des corpulences qui demeurent acceptables sur le plan anatomique. On ne tombe pas dans le piège de ces personnages détenteurs d’un bonnet 150 E. Des physiques disproportionnés couplés au fan service du titre aurait formé un cocktail trop indigeste à mon goût. On a même droit à quelques variétés en termes de corpulence. Dommage que la diversité et le travail apporté au physique ne soit pas aussi varié du côté du masculin. Après difficile de juger vu que, pour le moment, c’est surtout Yuki qui occupe la majeure partie du casting masculin.


Le trait de Takemura sait aussi saisir les scènes d’actions, ainsi que les transformations de Yuki en démon. Les combats présentent un dynamisme intense, prouvant que si le fan service est bien traité, ce soin est apporté à l’ensemble du manga. Kurokawa nous a même servi des pages couleurs en début de tome : un petit plus que j’apprécie toujours, surtout après avoir connu l’époque où cet élément était denrée rare.


La narration arrive à trouver un juste équilibre entre les scènes d’actions, toujours prétexte à aussi bien dévoiler les compétences de Yuki que celles des membres de l’escadron, et celles du quotidien. Ces dernières permettent de développer les relations entre Yuki et les filles, que ce soit de simples échanges ou une scène de ménage. On pourrait reprocher qu’on voit déjà beaucoup de personnages féminins éprouver un certain attrait pour Yuki. Mais au vu du pitch du manga, on s’en doutait un peu. Il faut voir sur la longueur si cet aspect va venir étouffer le scénario, ou être plus un prétexte à quelques scènes humoristiques. Au moins les raisons qui poussent telle ou telle fille à apprécier Yuki varient. On a droit à celle qui veut découvrir ce qu’est un garçon, ce qui va aussi générer quelques quiproquos. On a aussi celle qui va devoir utiliser Yuki pour un combat et qui va apprendre à passer outre ses premières réticences envers la gente masculine.


Si vous êtes allergique au fan service (vous en avez tout à fait le droit) je pense que Demon Slave ne vous plaira pas. Mais si sa présence ne vous gêne pas, surtout lorsqu’elle participe à l’intrigue, vous découvrirez un titre qui, s’il reprend des poncifs du shonen harem, arrive à éviter quelques écueils propres à ce genre. Il faut voir ce qu’il donnera sur la durée et quelles surprises nous réserve le titre.

So-chan
7
Écrit par

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le 12 sept. 2021

Critique lue 648 fois

So-chan

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